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Vie libre lève le voile sur les sans-abri et l'alcool

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Comment expliquer le silence autour de l'alcoolisme des personnes sans abri ? Pourquoi aucune démarche n'a-t-elle été entreprise pour les soigner, s'irrite le mouvement Vie libre ? Dénonçant l'absence de données chiffrées sur le sujet et la passivité à l'égard d'un phénomène pourtant largement reconnu, celui-ci a cherché à évaluer sa gravité. 266 hommes et femmes sans abri et des acteurs médicaux et sociaux de structures d'aide (CHRS, boutiques solidarité, accueils de jour...) ont été interrogés en région parisienne. Cette enquête (1), rendue publique le 19 novembre, met ainsi clairement en évidence que 80,2 % des personnes sans domicile fixe boivent de l'alcool (surtout de la bière et du vin), 69 % d'entre elles, tous les jours. 38 % absorbent jusqu'à 2 litres par jour, 30 % de 2 à 4 litres et 13,6 % de 4 à 6 litres. Et 22,4 % prennent, en plus, des médicaments et des drogues. Ce sont surtout les plus de 30 ans, à la rue depuis plus d'un an, qui ont une consommation moyenne de 4 litres environ. Ils présentent d'ailleurs « les principaux signes cliniques de l'alcoolisme  » comme les mains qui tremblent ou l'envie de boire dès le réveil. Les chiffres révèlent ainsi «  une véritable économie de l'alcool » autour des SDF, s'alarme le mouvement. Ceux-ci dépensent en moyenne 68,80 F par jour pour en acheter, près de 13 % allant jusqu'à 150 F.

La consommation des personnes sans domicile fixe est donc «  nettement supérieure » en quantité et en fréquence à celle de l'ensemble des Français (2,8 verres par jour, tout alcool confondu), constate l'enquête. Sachant que plus d'un tiers des personnes interrogées reconnaissent être «  très » ou «  assez dépendantes ». En outre, 29,8 % considèrent que l'alcool est à l'origine de leur situation actuelle. «  C'est la quatrième raison évoquée pour justifier sa présence à la rue, après la perte d'emploi, du logement, et un divorce ou une séparation », relève l'étude. «  L'alcool a un rôle certain dans la chute sociale. Il est un facteur déclencheur d'exclusion », ajoute-t-elle. L'exclusion vient ainsi souvent nourrir l'alcoolisme et inversement : les personnes entrent en effet dans une véritable spirale, ayant besoin de boire pour supporter la honte et la souffrance. A la fois «  cause et conséquence d'exclusion » , l'alcool est également un frein à la réinsertion, déplore l'enquête. 67,1 % des personnes pensent ainsi qu'en trouvant un logement et un emploi, elles parviendraient « plus facilement » à arrêter de boire. D'ailleurs, les deux tiers expriment ce souhait, certains faisant plutôt confiance pour y parvenir à une association de lutte contre l'alcoolisme et d'autres à un médecin. Ce qui apparaît également au travers de l'étude, c'est l'inadaptation des dispositifs actuels pour soigner l'alcoolisme des sans-abri. Faute de moyens humains et financiers, les acteurs médicaux ne prennent pas, le plus souvent, en charge la maladie alcoolique de leurs patients. Et ils les orientent plutôt vers des structures spécialisées (centres d'alcoologie ou consultations hospitalières) que vers des associations de lutte contre l'alcoolisme. Or, «  compte tenu de leur parcours, ces personnes ont besoin de soins et d'un suivi spécifique  ».

En conclusion, Vie libre formule des recommandations en direction des pouvoirs publics. Outre la nécessité que l'alcoolisme soit reconnu comme une maladie, elle plaide pour la formation des acteurs médicaux et sociaux sur le « risque alcool  » et sur «  l'approche du malade alcoolique ». Insistant également sur la nécessaire coordination des intervenants et services de soins, l'association réclame la création de structures adaptées. «  Centres d'écoute », « relais » entre les intervenants, celles-ci accompagneraient la personne dans sa guérison tout en l'aidant à se réinsérer. Enfin, l'association revendique le développement des établissements de sevrage et de postcure en région parisienne et un «  réel suivi médical » des allocataires du RMI.

Notes

(1)  Les habitudes de consommation des boissons alcoolisées des personnes sans domicile fixe en région parisienne - Vie libre : 8, impasse Dumur - 92110 Clichy - Tél. 01 47 39 40 80.

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