Voici la réédition d'un essai, paru il y a 15 ans et largement épuisé, qui constitue encore aujourd'hui l'ouvrage de référence en matière d'approche historique et anthropologique du handicap. La manière de traiter ce dernier, révèle l'état de notre société, affirme Henri-Jacques Stiker, faisant revivre ce qui fut le sort des difformes et estropiés en remontant jusqu'à l'Antiquité. Néanmoins, cette recherche n'hésite pas à aller au-delà de la seule anecdote historique en prenant à revers tous les discours sur l'intégration et l'insertion : dans quelle mesure la reconnaissance des droits aux handicapés n'est-elle pas une façon de les désigner et les faire disparaître ? « Ils sont dits pour être tus », affirme l'auteur, soulignant qu'en voulant « réadapter » le handicapé, la société cherche d'abord à « annuler les disparités dans sa norme ». Mais plus subtil encore, en traitant l'invalidité elle vise à « rendre identique » mais « sans rendre égal ». Voilà qui ouvre un débat d'une brûlante actualité : comment reconnaître la différence sans exclure ?
Corps infirmes et sociétés -Henri-Jacques Stiker - Ed. Dunod (coédité avec l'APF) - 140 F.