460 000 appels à Sida info service en 1996

En 1996, près de 460 000 appels ont été reçus à Sida info service (0 800 840 800) contre 557 000 en 1995 soit, pour la première fois depuis sa création, une diminution de 18 %. « Ce sont en particulier les jeunes qui ont moins sollicité le numéro vert, traduisant sans doute ainsi leur moindre préoccupation de cette maladie », souligne Amédée Thévenet, son président, dans le rapport annuel de Sida info service (1). Des changements qui n'ont pas modifié radicalement les motifs de recours à la ligne téléphonique : les modes de transmission, la prévention, le dépistage sont ainsi toujours à la source de quatre appels sur cinq. Si les inquiétudes, la méconnaissance des risques, l'impossibilité d'évoquer avec des proches les questions liées à la sexualité, l'isolement - géographique ou affectif - demeurent ainsi les moteurs principaux de l'utilisation du numéro vert, les appels sont souvent également motivés par «  la nécessité de parler de la vie intime », poursuit encore le président. Car la recherche d'information est bien évidemment liée au besoin de parler et d'être écouté. Une enquête menée en 1994 et 1995 a ainsi montré que 80 % des appelants réguliers souhaitaient pouvoir retrouver le même interlocuteur et 70 %estimaient que l'anonymat ne leur apportait aucun bénéfice. Signe, comme le relève le rapport, que la téléphonie est destinée, entre autres, à créer ou recréer du lien lorsqu'il fait défaut. Par ailleurs, un appel sur quatre donne lieu à une orientation sur une structure de prise en charge, celle vers les centres de dépistage anonymes et gratuits étant la plus importante. Après sept ans d'existence, les demandes des milliers d'appelants ont profondément évolué. Et les nouvelles modifications dans la prise en charge (dépistage précoce, dispensation des antiviraux dans les officines de ville...) obligent à « une adaptation des écoutants ». Ces transformations se sont d'ailleurs traduites par la création de nouvelles lignes téléphoniques. Sida info droit (numéro azur : 0 801 636 636), créé il y a trois ans, a traité plus de 1 300 appels en 1996  plus de la moitié des motifs concernent le droit des assurances, du travail et les droits sociaux. Et afin de répondre à la saturation permanente de la ligne, celle-ci devrait être étendue. Par ailleurs, la ligne Azur (numéro azur :0 801 20 30 40) « pour les jeunes en recherche d'orientation sexuelle et leurs proches », initiée à titre expérimental par la division sida de la direction générale de la santé, a traité environ 1 000 appels de décembre 1995 à mars 1996. Lesquels sont révélateurs du profond isolement lié à la découverte de l'homosexualité. La plupart des jeunes disent ainsi en «  parler pour la première fois ». Cette ligne a été rouverte au second semestre 1997. En outre, faut-il évoquer encore la ligne de vie (numéro azur :0 801 037 037) opérationnelle depuis le printemps dernier pour une phase expérimentale de 15 mois afin d'accompagner les personnes séropositives et leurs proches et VIH info soignants (numéro azur : 0 801 630 515) qui a démontré son utilité auprès des médecins, infirmiers, sages-femmes, assistants sociaux. Enfin, depuis quelques mois, fonctionne à titre expérimental un dispositif téléphonique en direction des personnes incarcérées, mobilisant autour de Sida info service la direction de l'administration pénitentiaire, la direction régionale des services pénitentiaires de Paris et la direction générale de la santé. Nommé ligne 6, ce service, ouvert à l'hôpital pénitentiaire de Fresnes, concerne quatre pathologies (hépatites, tuberculose, maladies sexuellement transmissibles et VIH/sida). L'initiative devrait sans doute être étendue.