Le 29 septembre, Ségolène Royal, ministre déléguée chargée de l'enseignement scolaire, a annoncé un plan de relance des zones d'éducation prioritaire (ZEP), qui ont trop souffert « des abandons et des silences successifs ». Le nouveau dispositif, qui sera discuté lors d'assises nationales au printemps prochain, devrait être opérationnel à la rentrée de septembre 1998 (1). S'inspirant largement du rapport de l'inspection générale de l'administration de l'Education nationale que viennent de rendre Catherine Moisan et Jacky Simon, celui-ci devrait répondre à trois priorités. Tout d'abord, « reconnaître la qualité des acteurs qui y travaillent ». Il faut revaloriser le métier d'enseignant dans les quartiers sensibles, a notamment indiqué Ségolène Royal, évoquant les possibilités d'accélération de carrière, d'année sabbatique, de décharge d'heures... Mais la reconnaissance des acteurs passe également par l'installation d'un pilotage « efficace et durable à tous les niveaux ». La gestion du dispositif devrait être recentrée au niveau de l'administration centrale et son organisation simplifiée. Deuxième priorité : décloisonner les ZEP en intensifiant notamment les relations avec les parents. Outre le développement de la communication, l'utilisation « à bon escient » des médiateurs, il est prévu d'engager une campagne « sur la représentation des parents de milieu populaire ». Autre préoccupation : mieux articuler les ZEP avec les services de santé et de PMI et les associations de quartier car « l'école ne doit pas prendre en charge tous les problèmes sociaux ». C'est d'ailleurs dans cet esprit que Ségolène Royal entend engager une réflexion sur l'articulation du dispositif avec la politique d'aménagement du territoire et les bassins d'emploi. De même, la carte des ZEP (531 existent actuellement en France métropolitaine et accueillent 9,8 % des élèves du second degré) devrait être redéfinie afin de parvenir à des territoires à « taille humaine ». La ministre souhaitant substituer à la notion de zone celle de réseau d'éducation prioritaire.
Enfin, dernier axe du plan de relance : recentrer les ZEP sur les savoirs fondamentaux, c'est-à-dire la maîtrise des langages (la lecture et l'écriture, mais également les langues étrangères, le multimédia...), au détriment des actions périphériques, « sans claire finalité éducative ». Cette orientation devra figurer dans des « contrats de réussite » qui pourraient s'inscrire dans les projets d'établissements. Par ailleurs, Ségolène Royal a réaffirmé l'importance de la scolarisation précoce -dès 2 ans - pour lutter contre l'échec scolaire dans les quartiers sensibles, s'inquiétant de la faiblesse du pourcentage d'enfants accueillis à cet âge dans certaines ZEP (moins de 30 %, voire 0 %). En outre, le nouveau dispositif devrait permettre une plus grande « continuité éducative » grâce au renforcement des liens pédagogiques entre écoles et collèges en ZEP.
(1) Voir aussi dans ce numéro.