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...Dan Bechmann, sur les solidarités actives

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Il faut articuler les solidarités civiles et publiques et recentrer le travail social sur l'action communautaire, affirme Dan Bechmann, sociologue et membre du Centre d'étude des solidarités sociales  (CESOL). Lequel organise, les 26 et 27 septembre, à l'université de Paris-VIII, un colloque sur les solidarités actives dans l'espace urbain (1).

ASH  : En quoi le thème des « solidarités actives » concerne-t-il le travail social ? D.B. : Depuis une trentaine d'années, le CESOL s'est toujours préoccupé du problème des solidarités en opposant celles qui émanent de la société civile (solidarités de voisinage, familiale, bénévole...) à celles que je qualifie de bureaucratiques et nationales. Or, actuellement, dans un contexte de fracture sociale profonde, les solidarités publiques ne sont pas suffisamment efficaces. Il faut donc qu'elles s'appuient davantage sur ce qui se fait en matière d'action communautaire. Car il se passe des choses très intéressantes dans les quartiers. Par exemple, nous avons travaillé dans les DOM-TOM, où le passage a été moins brutal entre les solidarités de voisinage et nationales. Et dans beaucoup de domaines, tels que la culture, le sport ou la santé, nous avons été frappés par l'étendue des initiatives. Même si elles sont non financées et non finançables, elles produisent énormément de lien social et évitent souvent l'émergence de la violence. Nous n'accusons personne. Simplement, il y aurait davantage d'efficacité si la sphère des solidarités de la société civile et la sphère publique étaient mieux articulées. ASH  : L'action communautaire ne comporte-t-elle pas, cependant, un risque de cloisonnement de la population ? D.B. : Il faut éviter les confusions. L'action communautaire recouvre deux choses différentes. C'est souvent une action autour d'une communauté de gens qui ont la même identité. Mais c'est aussi, et surtout, une action territoriale. C'est la communauté au sens du voisinage. C'est-à-dire tout un quartier qui se met en marche. Pour cela, il faut sortir de l'action sociale assistantielle pour faire en sorte que les gens soient acteurs de leur propre vie. Il s'agit donc de travailler avec la population. C'est pour cette raison que j'ai emmené mes étudiants de troisième cycle à Chicago. Pour leur montrer comment l'action communautaire est beaucoup plus productrice d'effets à long terme et de dynamiques que l'action publique. Car, même si les situations sont différentes, je crois que l'on peut quand même s'inspirer de ce qui se fait dans des pays comme les Etats-Unis ou la Hollande. ASH  : Quel serait alors le rôle des travailleurs sociaux ? D.B. : C'est tout le problème. Actuellement, ils sont en train de se faire manger la laine sur le dos par les travailleurs de l'emploi et de l'urbain et par les agents de développement. Certains travaillent en partenariat, et ça se passe plutôt bien. Mais beaucoup ont peur de s'engager dans cette voie et se replient sur leur pré carré. Il faut donc changer le travail social et inventer de nouveaux modèles. Parce que je crois que le travail social n'a pas complètement pris le virage qu'il devait prendre. Ainsi, certaines expériences existent mais restent souvent à un niveau conceptuel. Elles ne sont pas forcément articulées sur une véritable pratique. Il est vrai que ça dépend des endroits. Dans le Nord, par exemple, les travailleurs sociaux ont fait des choses assez formidables parce qu'ils avaient le dos au mur. Quand c'est vraiment la grande misère, on n'a pas le choix.

Notes

(1)   « Les pratiques des solidarités actives dans l'espace urbain. Enjeux professionnels, sociaux et politiques »  - CESOL : 40, allée Jules-Verne - 78170 La-Celle-Saint-Cloud - Tél. 01 42 50 14 57.

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