Si la séparation familiale est toujours une souffrance, tous les enfants, heureusement, ne présentent pas de symptômes psychiques après la crise. Partant du principe que, finalement, c'est moins la rupture elle-même que la façon dont elle est gérée par les parents qui compte, le psychologue Gérard Poussin (également président de « La Passerelle » ) et la pédiatre Elisabeth Martin-Lebrun explorent « la réalité multiple et complexe » de ce que vivent les enfants du divorce et l'aide qu'on peut leur apporter. Ce qui importe, soutiennent-ils, c'est que, au-delà de la séparation du couple, la parentalité soit maintenue. Or celle-ci ne va pas de soi, la capacité des personnes à l'assumer étant fonction de multiples facteurs juridiques, culturels, psychologiques... Et même certaines situations -où l'enfant doit « s'adultiser » ou, pire, s'identifier à l'adulte dans ses désirs - peuvent devenir gravement pathologiques et s'apparenter à « des formes de maltraitances psychiques », s'alarment les auteurs. Lesquels déplorent la trop grande ignorance autour de ce phénomène. Alors, comment prévenir les difficultés psychologiques liées à la persistance de conflits et à l'abandon de l'enfant par l'un de ses parents ? Tout d'abord, l'approche ne peut être que singulière. « Il n'existe pas “un enfant du divorce” mais des enfants et de multiples façons de vivre un divorce. » Et leurs ressources pour y faire face dépendent de leur histoire et de leur âge. La séparation entraîne en effet chez l'enfant un état psychique proche du deuil, qu'il devra élaborer comme tel avec les mêmes enjeux et les mêmes risques de souffrances consécutives, expliquent les praticiens. Et il faut bien une année, dans le meilleur des cas, pour qu'il retrouve un certain équilibre... Il n'empêche que, lorsque le travail en amont échoue, se pose alors la question délicate de l'intervention professionnelle, examinée ici également en détail.
Les enfants du divorce - Gérard Poussin, Elisabeth Martin-Lebrun - Ed. Dunod -132 F.