La pauvreté s'est stabilisée en France de 1989 à 1994 et touche toujours 11 % des ménages. Mais elle se déplace peu à peu des campagnes et des petites communes vers les grandes villes de province. C'est ce que révèle une enquête de l'INSEE publiée le 24 septembre (1). Celle-ci met en évidence que, durant ces cinq années, les zones rurales et l'agglomération parisienne dans son ensemble ont connu « des progressions substantielles de niveau de vie ». Mais, si les inégalités et la pauvreté se sont réduites dans les zones rurales, elles ont plutôt augmenté dans la région parisienne. Là, le creusement des écarts est davantage marqué du fait de la surreprésentation des milieux aisés. On sait en effet que les revenus des cadres et des professions libérales, les retraites et les revenus du patrimoine ont fortement progressé alors que les autres salaires et les prestations sociales ont eu tendance à stagner. Pour autant, le niveau de vie de l'agglomération parisienne reste d'environ 30 % plus élevé que la moyenne nationale et la pauvreté y est « deux fois plus faible », précise l'étude.
Dans les campagnes, l'élévation relative du niveau de vie résulte de l'amélioration de la situation des habitants et de l'installation de nouveaux ménages :professions intermédiaires ou ouvriers aisés. C'est ainsi que les communes rurales et les agglomérations de moins de 20 000 habitants ont connu en moyenne une progression de leur niveau de vie de 2 % par an en pouvoir d'achat. Du coup, les ménages pauvres (2) ont reculé de 35 % en 1989 à 30 % en 1994. Tandis que dans les communes de moins de 20 000 habitants cette proportion est passée de 15 % à 13 % en cinq ans. A l'inverse, les ménages pauvres des grandes villes de province (100 000 à 2 000 000 habitants) se sont accrus de 28 % à 35 % pendant la même période, relève l'INSEE. Laquelle met également en évidence que l'Est de la France (Alsace, Franche-Comté, Lorraine), deuxième au palmarès des niveaux de vie derrière l'Ile-de-France, se caractérise par des niveaux de vie plus homogènes que les autres zones géographiques.
(1) INSEE Première - Septembre 1997.
(2) En France, le seuil de pauvreté est évalué à 3 200 F pour une personne seule, 4 800 F pour un couple sans enfant, un peu moins de 5 800 F pour un couple avec un enfant et environ 6 700 F pour un couple avec deux enfants.