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Couvre-feu pour les enfants : le débat rebondit

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Les propos de François Chobeaux condamnant l'aspect « sécuritaire » des couvre-feux pour les moins de 12 ou 13 ans pris par certaines municipalités (voir ASH nº 2033 du 22-08-97) ont suscité deux réactions très différentes.

« L'article de François Chobeaux relève l'aspect répressif et stigmatisant du projet d'arrêté municipal, souligne Tamara Piralian   (1). Je ne remets pas en question ce que, en effet, cette mesure peut avoir de négatif. Je m'associe à sa demande de “mettre en place de véritables politiques locales d'intervention sociale et éducative auprès d'enfants et d'adolescents [...]”. Mais on pourrait entendre autre chose dans ce “souci” des maires vis-à-vis des enfants : c'est-à-dire les considérer comme des citoyens et non comme des cas sociaux. On reconnaît, d'une certaine façon, qu'il y a un vrai problème de mineur en danger, dont on dit qu'il existe une réglementation. Mais cette réglementation ne s'applique pas à ces situations-là. Donc, agir, ce n'est pas les protéger mais les réprimer. On dit aussi qu'il y a un problème familial, donc que ce sont des familles anormales - dans le sens hors normes - à renvoyer du côté des travailleurs sociaux. En effet, ce n'est pas n'importe quel enfant, ni n'importe quelle famille, et surtout pas n'importe quel lieu. Mais que fait un enfant de 10 ou 11 ans, seul à 2 ou 3 heures du matin ? Et si l'environnement social, sa ville, son quartier le considérait comme un de ses membres, un de ses enfants, se sentait une certaine responsabilité vis-à-vis de lui ? De la manière dont, à l'entrée de quelques villages, un panneau indique : “Prudence ! Pensez à nos enfants !” « Le maire est, en premier, le garant de la sécurité, du bien-être des habitants de sa ville. Les lois, les règles, sont aussi faites pour protéger - protéger les plus fragiles éventuellement d'autres manquements à leur liberté qui pourraient leur advenir, et certainement plus lourds de conséquences que quelques heures passées au commissariat. Il est vrai que c'est l'aspect répressif qui a marqué dans cette mesure. Mais c'est peut-être alors dans son aménagement qu'un “vrai partenariat” aurait pu se mettre en place avec les travailleurs sociaux. Non pas pour perpétuer la place de ces enfants comme cas sociaux mais comme sujets à (r) accompagner. » De son côté, Raymond Heim   (2), s'agace : « [...] Le scandale n'est-il pas de confier des jeunes de moins de 12 ans à des professionnels qui trouvent choquante la volonté de ne pas voir traîner, au cœur de la nuit (et non en fin de soirée) et dans la rue, ceux qui sont encore des enfants ? Le discours rebattu et caricatural de “l'escadron parachutiste”, agrémenté de considérations généralistes sur les “véritables politiques locales d'intervention sociale et éducative”, voudrait honnir les maires qui ont pris les arrêtés et dispenser les parents de leur autorité et de leur exemple. On nous dit que, pour les “enfants en dérive, les professionnels [...] n'ont pas attendu [...] pour y être attentifs”. Soit. Mais cette attention n'empêche pas des enfants de traîner la nuit et elle n'est donc pas suffisante, sauf à trouver normale cette vie nocturne. « Quand l'auteur s'insurge parce qu'on voudrait priver des moins de 12 ans de vie après minuit (c'est du “très court terme et du simplisme”), à qui veut-il prouver quoi ? Qu'il participe à la démission du père ? Qu'il ignore que la frustration est un élément indispensable de la structuration de la personnalité ? L'espèce de grande compréhension, qui est une démagogie à l'égard des enfants en difficulté, n'est pas un service rendu à ceux-ci. Mais il y a sûrement une chose qui leur fait défaut : une identification à un père responsable, c'est-à-dire qui sait poser et faire accepter des limites. On aurait aimé entendre ça de la part d'un chargé de mission jeunesse plutôt qu'un haro sur des dispositions qui voulaient traiter un excès qui, visiblement, n'a pas pu l'être par ceux qui ironisent. »

Notes

(1)  Tamara Piralian, psychologue clinicienne : 9, rue Albert-Thuret - 94550 Chevilly-la-Rue - Tél. 01 45 47 97 77.

(2)  Raymond Heim, conseiller technique de service social - Comité de probation auprès du tribunal de grande instance - 350, bd Gambetta - BP 474 - 69665 Villefranche-sur-Saône cedex.

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