Se voulant constructive, l'Union nationale des associations familiales (UNAF) (1), qui refuse catégoriquement que l'on place les allocations familiales sous condition de ressources comme le gouvernement l'envisage, a présenté, le 17 juillet, une contre-proposition. Elle accepte ainsi de discuter sur le niveau du plafond du quotient familial, et ce à condition que les économies réalisées soient reversées à la branche famille . Mais, avertit son président Hubert Brin, ce sera du « donnant/donnant, il n'est pas question que nous cédions sur le principe ». En effet, explique-t-il, en réponse à Martine Aubry qui place le projet gouvernemental sous le signe de la solidarité, « il ne faut pas confondre la politique familiale et la politique sociale ». « Et l'UNAF n'a pas de leçon à recevoir en matière de solidarité », s'irrite-t-il. D'autant que rien ne prouve que les sommes dégagées seront bien affectées aux familles les plus démunies. Le déficit de 10 milliards de la branche famille, en 1997, lui donnant « plutôt le sentiment » du contraire. En outre, prévient-il, si l'on accepte aujourd'hui de placer le curseur à 25 000 F, on prend le risque de le voir abaisser de façon importante en 1999, date à laquelle le déficit atteindra probablement 20 à 25 milliards (conséquence de la loi famille de 1994). L'UNAF craint également qu'une fois la mesure adoptée pour les allocations familiales, elle soit étendue aux remboursements de l'assurance maladie. Et qu'une branche complète de la protection sociale bascule ainsi dans un système de confusion entre solidarité horizontale (célibataires envers les familles, actifs/retraités, bien portants/malades...) et solidarité verticale (riches/pauvres).
Insistant sur la nécessaire redistribution entre fiscalité directe et indirecte, Hubert Brin rappelle la position de l'UNAF qui est attachée à la diminution des prélèvements indirects, source d'inégalité, en contrepartie d'une hausse des impôts directs. « S'il s'agit de solidarité envers les familles modestes, ce ne sont pas les allocations familiales qui creusent l'écart, mais le quotient familial », insiste-t-il.
S'agaçant d'être amené à réagir sur le seul chapitre des allocations familiales et que des sujets aussi importants que l'emploi des jeunes, la responsabilité éducative de la famille, la conciliation entre la vie familiale et professionnelle, le droit des immigrés à vivre en famille soient ainsi occultés, Hubert Brin attend donc du gouvernement qu'il reprenne le dossier prestations familiales dans sa globalité. En tout état de cause, il souhaite que l'UNAF soit invitée à la conférence sur l'emploi et les salaires en septembre.
(1) UNAF : 28, place Saint-Georges - 75009 Paris - Tél. 01 49 95 36 00.