Dans une « lettre ouverte » adressée le 9 juillet au Premier ministre, Jean-Paul Probst, président du conseil d'administration de la caisse nationale des allocations familiales (CNAF), demande un « véritable débat » à Lionel Jospin après l'annonce de mise sous condition de ressources des allocations familiales (1) (25 000 F par mois, sous réserve d'aménagements qui restent encore à définir pour les familles de plus de deux enfants).
Jean-Paul Probst, s'exprimant au nom du conseil, s'inquiète d' « une remise en cause du principe de compensation horizontale » à l'origine du système français d'aides aux familles « selon lequel chaque famille, parce qu'elle assure l'avenir de la collectivité nationale, est justiciable de son soutien ». Il s'alarme de cette mise sous condition de ressources, car elle représenterait « un nouveau germe d'exclusion dans notre société ». En effet, elle « n'aurait pas qu'un effet marginal limité aux familles les plus aisées », explique-t-il, « les classes moyennes n'étant pas épargnées au fil du temps ». De plus, il insiste pour que cette mesure ne soit pas un « prélude à une évolution dans le même sens des autres branches de la sécurité sociale ». Et il précise que « si la redistribution des revenus est nécessaire, surtout dans les circonstances économiques et sociales actuelles, [elle] doit être opérée par le système fiscal et non par une dénaturation de la politique familiale[...] ». De cet échange de vues, se dégage « le vif regret d'un acte gouvernemental pris sans concertation et dans la hâte ».
(1) Voir ASH n° 2029 du 27-06-97.