Souhaitant faire un premier bilan six mois après le lancement du carnet de santé (1), la caisse nationale d'assurance maladie a présenté, le 8 juillet, une étude (2) selon laquelle 48 % des assurés sociaux ayant un carnet de santé l'ont utilisé au moins une fois. Pour 33 % d'entre eux, le carnet comprend des informations partielles et pour plus de 15 %, toutes les mentions obligatoires sont consignées. Ainsi, précise l'enquête, « plus de 3 millions de personnes ont un carnet de santé comportant toutes les informations relatives à leur suivi médical. »
Selon l'étude, les facteurs influençant la bonne utilisation du carnet sont l'âge (27 % des personnes de moins de 20 ans le présentent contre plus de 72 %parmi les plus de 80 ans), l'existence d'une affection longue durée (ALD) (66 % d'utilisation partielle chez ces patients contre 43 % chez les patients n'ayant pas d'ALD), mais également la région de résidence de l'assuré (61 % d'usage partiel dans le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie contre 38 % en Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Corse). De même, le carnet est plus souvent utilisé lorque la consommation médicale est importante (20 % d'usage même partiel pour les assurés s'étant fait rembourser un seul acte contre 56 % lorsque le nombre d'actes médicaux remboursés est supérieur à 20). Le montant remboursé au cours des six derniers mois est un autre facteur d'explication (31 % pour des remboursements inférieurs à 1 000 F contre 57 % pour des actes d'une valeur supérieure à 10 000 F). Enfin, la visite chez un généraliste plutôt que chez un spécialiste entraîne un plus fort recours (30 %des actes médicaux mentionnés sur le carnet de santé par le premier contre 10 % pour le second). Autre élément d'information de l'étude : en cas d'hospitalisation, la qualité des renseignements a été estimée complète dans moins de 11 % des cas. Aucun renseignement d'ordre médical ne figurait dans près de 82 % des situations.
La CNAM a, par ailleurs, mené deux enquêtes qualitatives afin de connaître le point de vue des assurés et d'appréhender la position des médecins. Il en ressort que « le carnet de santé est perçu comme un bon outil médical par les assurés sociaux et les médecins [même si] des hésitations et des interrogations subsistent ». La plupart des personnes interrogées pensent que le principe du carnet de santé est pertinent bien que les assurés en bonne santé en réservent l'usage à des situations particulières et que les assurés souffrant de pathologies lourdes aient déjà constitué leur propre support de suivi médical. Les médecins interrogés, quant à eux, le perçoivent comme « une bonne pièce d'identité médicale ». Cependant, la perpective de son remplacement par une carte à puce (carte Sésam), en principe au plus tard le 31 décembre 1998, génère chez les praticiens une attitude d'expectative, le carnet paraissant être un outil transitoire.
Malgré cette utilisation partielle du carnet de santé et les réticences pour l'employer, Bertrand Fragonard, directeur de la CNAM, a jugé « honorable » ce premier bilan, estimant que son recours devrait augmenter progressivement et « rentrer dans les mœurs ». Il a, de plus, rappelé que la CNAM ne souhaitait pas sanctionner la non-utilisation du carnet estimant que « tout durcissement [serait] contre productif ». En effet, pour la CNAM, « au-delà du support papier et électronique, c'est bien une révolution culturelle qu'il s'agit de réussir : celle qui conduit à avoir un regard objectif sur la gestion de sa santé ».
(1) Voir ASH n° 1972 du 26-04-96.
(2) Enquête réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 2 019 patients ayant eu au moins un acte médical remboursé le 27 mars 1997.