Pour 65 % des Français, les inégalités se sont accrues au cours des 30 dernières années. C'est ce que révèle le sondage, réalisé par le Crédoc, l'institut de sondage Lavialle et l'Association des journalistes de l'information sociale, à l'occasion du 30e anniversaire de celle-ci (1). Selon cette étude, la perception de la situation sociale s'est globalement détériorée depuis les années 70, notamment en ce qui concerne les conditions de travail, l'éducation et les retraites. Même si dans certains domaines, tel l'accès aux soins médicaux, une majorité de Français observent de réelles améliorations. Par ailleurs, quelques événements ont eu un impact positif sur l'évolution de la société : la 5e semaine de congés payés, la contraception, les 39 heures de travail, l'augmentation de l'emploi des femmes et l'IVG. Quant au RMI, il n'est pas remis en cause, seule une personne sur cinq jugeant ses effets négatifs.
Reste que pour une majorité, la France connaît actuellement une crise de société dont le chômage est, à la fois, la cause et la conséquence principales. Et de nombreuses personnes se montrent assez pessimistes sur l'évolution de l'emploi, plus d'une sur deux pensant que le chômage va continuer d'augmenter. Toutefois, cette crise n'est pas perçue comme strictement hexagonale, notre pays étant considéré comme ni plus ni moins touché que ses voisins et ayant même davantage d'atouts pour s'en sortir. Au banc des accusés : la prédominance de l'économie. En effet, pour 88 % de la population, ce sont les marchés financiers qui mènent le monde et près de 70 % considèrent que le poids de l'économie sur la société est « beaucoup trop grand ». Même si les avis sont partagés sur les effets, à terme, de la mondialisation sur la croissance économique. En revanche, le plus grand nombre est convaincu que la mondialisation conduira inévitablement à remettre en cause les acquis sociaux. D'ailleurs, 55 % des Français estiment « qu'on ne pourra pas moderniser la société française sans remettre en cause des acquis sociaux ». Les retraites et la sécurité sociale sont ainsi jugées particulièrement menacées alors que, pour beaucoup, il faut les « préserver à tout prix ».
Par ailleurs, la revalorisation de la place de la famille se confirme, neuf personnes sur dix affirmant qu'il s'agit du « lieu de transmission des valeurs » et « où s'apprend la solidarité ». Et sept sur dix considèrent qu'il s'agit d'une « protection contre la crise ». Néanmoins, de nombreux Français éprouvent aujourd'hui davantage de difficultés à concilier leur vie professionnelle et familiale. Et si leur temps de travail diminuait dans les années à venir (comme beaucoup le croient), ils se consacreraient davantage à leurs enfants et à leurs proches. Signalons, enfin, que plus de deux Français sur trois ont le sentiment que les médias les informent mal sur les questions sociales.
(1) Sondage réalisé, du 3 au 10 juin 1997, auprès d'un échantillon national représentatif de 1 000 Français âgés de 18 ans et plus. AJIS : 1, avenue Edouard-Belin - 92856 Rueil-Malmaison cedex - Tél. 01 41 29 96 37.