« La cohésion sociale sera-t-elle un jour un chantier gouvernemental ? » s'interroge Georges Comte, président de l'Organisation nationale des formations au travail social (ONFTS) (1), dans un point de vue publié par Formations sociales actualités (2). En effet, poursuit-il, « l'anéantissement » du projet de loi de renforcement de la cohésion sociale « prouve à ceux qui ne l'ont pas encore compris que ce projet n'était pas une priorité gouvernementale ». Pourtant, « depuis que l'économie refoule hors de la sphère productive un pourcentage croissant de la population, le politique se doit de rechercher des solutions pour éviter la fracture et maintenir la paix sociale ».
Cependant, constate le président de l'ONFTS, « il existe des tiraillements dans les plus hautes sphères sur la façon d'y parvenir ». Ainsi, l'idée de transformer les dépenses passives en dépenses actives, c'est-à-dire de remettre au travail les assistés, « était une gageure pour deux raisons au moins : l'emploi n'est pas au rendez-vous et il faudrait créer des emplois aidés [les 300 000 CIL] la partie n'était cependant pas gagnée par ces créations d'emplois ». Car, rappelle Georges Comte, « ceux qui ont été exclus durablement du travail ont besoin d'un accompagnement pour se réinsérer. Il convient de les aider dans la reconstruction de parcours individualisés d'insertion et celle-ci nécessite l'action de travailleurs sociaux compétents et motivés ».
Or, déplore-t-il, « le dispositif de l'action sociale manque cruellement de moyens humains à la hauteur de l'ampleur de la tâche, car les politiques n'ont pas su ou pas voulu accorder aux travailleurs sociaux la reconnaissance et les moyens nécessaires à leur intervention. Quelques beaux discours les traitant tantôt de “fantassins”, tantôt de “hussards” de l'action sociale ne masquent pas le fait que leur intervention est méconnue. D'ailleurs, aucun homme politique ne se hasarde à adresser des messages clairs aux travailleurs sociaux et à définir des orientations pour le travail social ». Ainsi, s'agace-t-il, le titre III du défunt projet de loi de cohésion sociale, consacré à la formation des professions sociales, n'avait « fait l'objet d'aucun commentaire de la presse » et avait progressivement « perdu tout son sens » au fil des discussions et des arbitrages. L'intention était « louable » de « donner enfin un cadre juridique aux liens des centres de formation avec l'Etat et de fixer les bases de leur financement public ». Mais, au final, les 150 centres de formation de travailleurs sociaux restaient, selon lui, dans « un système d'aide financière de l'Etat et de subvention fragile et sans indexation ». En outre, en légalisant les frais de scolarité, l'ex-projet « organisait la sélection par l'argent dans l'accès aux professions sociales ». Aussi, Georges Comte souhaite-t-il que le nouveau gouvernement « révise profondément la copie » en précisant « plus clairement les orientations de l'action sociale et les moyens nécessaires aux intervenants pour qu'ils puissent croire en ce qu'ils font ».
(1) ONFTS : 9, rue de l'Isly - 75008 Paris - Tél. 01 42 93 63 22.
(2) Formations sociales actualités - n° 4 de juin1997.