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...Anne Dobrzynski, sur les premières rencontres sociales

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Comment les travailleurs sociaux peuvent-ils faire face à la détresse sociale sans se retrouver, eux-mêmes, en grande difficulté ?Cette question était au cœur des premières rencontres sociales, organisées les 17 et 18 juin à Issy-les-Moulineaux (1). Explication avec leur responsable pédagogique, la psychanalyste Anne Dobrzynski.

ASH  : Pourquoi avoir choisi le double thème de la misère et de la détresse sociale pour ces premières rencontres sociales ? A.D. : Je voulais surtout éviter les grands débats, montés en épingle par les médias, autour de l'urgence et de la violence. Et en partant de ma pratique d'écoute des travailleurs sociaux, je me suis rendu compte que leur souffrance se cristallisait, aujourd'hui, autour de cette question de la détresse sociale. Ils ont le sentiment très net que les personnes qu'ils rencontrent sont plus en difficulté qu'il y a quelques années. Ce qui se manifeste par plus d'agressivité et de violence de la part de celles-ci et, pour beaucoup de professionnels, par l'impression d'être impuissants à pouvoir y faire face et à trouver des solutions. Notamment parce que les moyens mis à leur disposition ne sont plus suffisants. Et ce constat, je l'entends aussi bien du côté des services hospitaliers d'accueil et de consultation que des services sociaux. ASH  : Dans ce contexte, quel était votre objectif au travers de ces rencontres ? A.D. : Il s'agissait surtout de proposer des éclairages. Je n'avais absolument pas la prétention de proposer quelque chose d'exhaustif ni d'apporter des réponses toutes faites. Tant mieux si certaines équipes peuvent se saisir de nos débats pour élaborer des solutions sur le terrain. C'est, aussi, pour cette raison que nous avions prévu des ateliers thématiques, par exemple autour de la violence et du passage à l'acte. Mais, avant tout, nous souhaitions permettre aux participants de réfléchir au sens et, surtout, à la limite de leur action. Parce que, bien souvent, leur détresse vient du fait qu'ils voudraient pouvoir tout faire, dans un désir de réparation, et qu'ils n'en ont pas les moyens. Les professionnels sont tellement culpabilisés et démunis face à l'urgence des situations qu'ils ont souvent la tentation de chercher la réponse dans le faire, dans l'action. Mais on ne peut pas toujours répondre à tout. Il faut savoir poser les limites de ce que l'on peut faire ici et maintenant. Tout ne relève pas de la responsabilité des travailleurs sociaux ni de leur niveau d'intervention. C'est d'ailleurs pour cela qu'il me semble également important de renvoyer leurs interrogations au politique. ASH  : Vous avez également beaucoup insisté sur les « fondamentaux » du travail social : place du sujet, écoute, prise en compte de la demande... Pour quelle raison ? A.D. : Il me semble que ce sont des notions qui ont été parfois un peu oubliées. Or, dans le contexte actuel, il est plus important que jamais de travailler sur la place du sujet dans les dispositifs sociaux. Il y a en effet une espèce de morcellement qui fait que le public est fractionné et la demande découpée en tranches. Ce qui fait que les services ont tendance à se renvoyer la balle. Je crois qu'il y a quelque chose de la parole à reconstruire en donnant, ou en redonnant, une place centrale à l'écoute. Evidemment, les personnes en difficulté recherchent d'abord des réponses concrètes. Mais le premier travail du professionnel, c'est de leur permettre de retrouver une part de leur intégrité et de leur dignité grâce à cette écoute globale.

Notes

(1)  Organisées par Initiatives Santé avec le parrainage des Actualités sociales hebdomadaires. Contact : département congrès-formation d'Initiatives Santé - 26, avenue de l'Europe - BP 60 - 78141 Vélizy cedex - Tél. 01 34 63 33 69.

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