Idiots, anormaux, inadaptés... Ces enfants que l'on appelle aujourd'hui handicapés mentaux n'ont cessé d'être l'objet d'affrontements idéologiques, économiques et politiques. C'est, comme le rappellent les auteurs, dans ce contexte marqué par les rivalités entre la médecine et l'Education nationale, entre les tenants du secteur privé et ceux de l'interventionnisme étatique, mais aussi par l'organisation des familles en groupes de pression, que se sont imposées les deux lois de 1975. Néanmoins, est-il relevé, si ces dernières ont organisé « de façon stable et efficace » un nouveau domaine permettant une reconnaissance des personnes handicapées, leurs objectifs ambitieux se heurtent à un problème de méthode. Car en voulant construire l'intégration sociale à partir de la déficience d'organe ou de fonction, elles ont mis davantage l'accent sur les différences que les ressemblances. Et contribué, d'une certaine façon, à stigmatiser celui qu'on désire intégrer. Aussi, cette analyse insiste-t-elle sur l'intérêt de la classification internationale des déficiences, incapacités et désavantages sociaux mise au point par Philip Wood et adoptée par l'Organisation mondiale de la santé. Une méthode qui, reposant sur une théorie de la description des conséquences des maladies, permet de dépasser le modèle médical traditionnel et d'approfondir « la collaboration multidisciplinaire ».
Le handicap mental chez l'enfant -François Chapireau, Jacques Constant et Bernard Durand - Ed. ESF - 165 F.