C'est son journal de bord, six mois dans le service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital Saint-Antoine à Paris, que nous ouvre Geneviève Delaisi, mêlant l'approche de l'ethnologue et de la psychanalyste. Celle-ci nous livre ainsi une trentaine de « fragments de vie » recueillis auprès de femmes (et d'hommes), rencontrées à l'occasion d'une fausse couche, d'une interruption médicale de grossesse, de la mort d'un bébé in utero... Autant de « chroniques », dont certaines dramatiques, à travers lesquelles l'auteur tente d'éclairer « le continent noir de la maternité ». Des « couleurs de la vie » qui l'amènent à s'interroger sur « la montée de l'exclusion au féminin », sur les situations de désespoir et de dénuement de ces mères qui renoncent à garder leur enfant, véritables « prolétaires des temps modernes », et surtout la réalité douloureuse, et encore déniée aux niveaux juridique et social, du deuil périnatal. Une souffrance d'autant plus vive pour les parents qu'il s'agit de la perte de « ce qui n'a pas eu lieu », et donc d'une « vie en puissance ».
La part de la mère - Geneviève Delaisi - Ed. Odile Jacob - 125 F.