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L'insertion par l'économique : sas ou gestion de la précarité ?

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L'insertion par l'activité économique joue-t-elle encore son rôle de sas entre l'inactivité et l'emploi ? Si cette trajectoire « idéale » se confirme, dans un quart des cas, pour 40 % des personnes interrogées, « il s'agit d'un parcours dans la précarité qui risque de se prolonger dans une conjoncture économique où l'emploi se fait rare ». C'est, du moins, ce qu'affirme le Crédoc dans une étude, commandée dans le cadre du dispositif d'évaluation des politiques publiques par le Commissariat général du Plan, et dont il publie les premiers résultats (1). Réalisée à partir d'une enquête menée dans quatre départements  (Côte-d'Or, Drôme, Loire-Atlantique, Seine-Saint-Denis) auprès de 452 personnes, celle-ci vise à analyser la trajectoire professionnelle des publics, trois ans après leur sortie d'une structure d'insertion par l'activité économique  (SIAE)  : association intermédiaire, entreprise d'insertion, régie de quartier, centre d'aide à la vie active.

Premier enseignement : les SIAE accueillent une population « en difficulté » ayant un faible niveau d'études (40 % ont le CEP ou aucun diplôme) et de ressources (25 % ont un revenu inférieur à 3 500 F par mois au moment de l'enquête). Et dont l'entrée relève plus d'un concours de circonstances que « d'une réelle stratégie d'insertion élaborée ». Si ces personnes considèrent que leur passage dans les SIAE « permet de renouer avec le monde du travail » et « d'obtenir un revenu », elles sont très partagées sur l'issue de celui-ci. 52 % d'entre elles estiment qu'il n'a pas amélioré leur situation actuelle et 28 %jugent que « cela ne leur a rien apporté ». En revanche, 68 %considèrent que l'expérience a été plutôt fructueuse dans le domaine des compétences.

Mais l'intérêt de l'étude est surtout de souligner la « faible évolution vers l'insertion professionnelle » . Si 78 %des personnes ont eu l'occasion de travailler après leur sortie d'une SIAE, beaucoup ont été embauchées sur des contrats courts ou des emplois aidés (40 % en 1996) et 17 % sont encore dans la structure au moment de l'enquête. Des situations contrastées selon les types de structures. Puisque dans les entreprises d'insertion  (EI), 29 % n'ont pas travaillé depuis leur sortie, contre 17 % dans les associations intermédiaires  (AI). Ces résultats s'expliquent par les caractéristiques des populations accueillies et les stratégies mises en place, précise le Crédoc. En effet, les EI accueillent des publics fragilisés (jeunes peu diplômés, personnes d'origine étrangère, personnes seules...) qui, à leur sortie, restent dans la sphère « d'une précarité contrainte ». Pour une bonne partie de la population, la fonction de sas de l'EI n'a donc pas fonctionné. Si les personnes passées par les AI sont aussi peu avantagées face à l'emploi, certains profils expliquent néanmoins certaines sorties, explique le Crédoc. En effet, les AI sont parfois utilisées comme « une agence d'intérim » par des femmes de plus de 45 ans qui veulent reprendre une activité professionnelle  ou comme un sas pour des jeunes de niveau IV ou plus, qui cherchent à bénéficier d'une première expérience professionnelle.

Globalement, 28 % des personnes passées en SIAE s'inscrivent dans des trajectoires d'insertion, voire de relative stabilité professionnelle, conclut l'étude. Par contre, un quart connaît une dégradation de sa situation professionnelle qui, pour certains, se traduit par une inactivité de longue durée. Quant aux plus nombreux (39 %), ils vivent « de longs parcours dans la sphère de précarité ».

Notes

(1)  Le devenir des personnes entrées dans les dispositifs d'insertion par l'activité économique - Crédoc : 142,  rue du Chevaleret - 75013 Paris - Tél. 01 40 77 85 50.

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