Cet ouvrage est né des grèves de décembre 1995. Constatant qu'à l'époque les médias se faisaient surtout l'écho des intellectuels, un groupe d'amis, dont quelques travailleurs sociaux, réunis au sein du collectif ADRET ont voulu faire entendre la voix de « ceux dont on analysait la révolte ». Tous « ces gens ordinaires, inventifs et combatifs » qui refusent d'être réduits, par la société marchande actuelle, au simple rang d'objet : « travailleur jetable », assujetti, bénéficiaire, ayant droit... Pour les auteurs, il s'agit en fait de montrer que, malgré le climat de désespérance actuel, les tendances au repli sur soi, l'agressivité, le racisme, bon nombre de gens « résistent » au quotidien. Non pas par des actions d'éclat mais de façon anonyme, sur le terrain, à travers des expériences faisant appel à l'invention et à la solidarité. C'est ainsi qu'une vingtaine de personnes - des travailleurs sociaux mais également une retraitée, un conseiller pédagogique, un instituteur, des responsables associatifs, un médecin, des jeunes... - témoignent de leur engagement auprès des exclus. Que ce soit au niveau de l'accompagnement social des chômeurs, du soutien des enfants en échec scolaire, de l'aide à un projet de femmes-relais, de l'action menée au sein d'une entreprise d'insertion... Le message est clair : au-delà de l'action politique, la réponse à la crise se construit, aussi, à partir de tous ces artisans du remaillage du lien social. Pour peu qu'au-delà des discours démagogiques, on sache aussi les écouter. Cet ouvrage devrait en tout cas y contribuer...
Résister - ADRET - Ed. de Minuit - 79 F.