Le CREAI Bretagne sonde les pratiques éducatives

Quelles sont les pratiques des éducateurs ? C'est pour tenter de répondre à cette question qu'un groupe de travail se réunit, depuis 1994, au sein du CREAI Bretagne. Il publie aujourd'hui les résultats d'un questionnaire - « Les pratiques éducatives et leurs références »   (1) -auquel ont répondu 150 éducateurs spécialisés et moniteurs-éducateurs. A la première question : «  Pouvez-vous citer un auteur ou un ouvrage qui a marqué votre parcours professionnel ? », 44 personnes nomment Michel Lemay, 30 et 22 font respectivement référence à Françoise Dolto et à Bruno Bettelheim. Tout de suite après, mais nettement moins cités, viennent Donald Woods Winicott  (9), Maud Manonni  (9), Jean Piaget  (7), Sigmund Freud  (7) et Fernand Deligny  (5). Un résultat qui, pour le CREAI, «  laisse apparaître une référence dominante à la psychanalyse, mais aussi à des auteurs qui donnent des éléments de réponses “concrètes” aux questions que les éducateurs se posent dans leurs pratiques quotidiennes ». Cette importance du courant psychanalytique se vérifie à la question suivante : «  Quelles idées ou références théoriques ont une influence sur votre pratique professionnelle ? » La psychanalyse est en effet citée 45 fois devant la systémie  (36), la sociologie  (14), l'analyse transactionnelle  (10) et la relation d'aide  (8). A noter que 25 personnes laissent cette question sans réponse. Quant aux méthodes ou techniques utilisées par les éducateurs interrogés, elles font assez peu appel à des références théoriques précises. On trouve ainsi l'entretien d'aide  (cité 30 fois), les techniques éducatives  (30), le projet individualisé  (25), l'observation  (20) et la systémie  (18).

A la lecture de ces résultats, « on cherche encore le référentiel propre de savoirs et de techniques qui ferait que l'éducation spécialisée se parle plus de l'intérieur qu'elle ne se décrit de l'extérieur  », constatent les membres du groupe de travail, observant, après d'autres, que ce qui fait apparemment le plus défaut aux éducateurs, «  c'est la capacité à modéliser leur travail, de telle sorte qu'il puisse d'abord être mieux compris et ensuite reproduit ». D'où leur plaidoyer pour une «  transversalité des compétences » et une «  c ertaine approche praxéologique   » du travail éducatif permettant aux professionnels de «  relier des valeurs à une théorie identifiée et à des pratiques ».