Premier constat : les équipes d'encadrement sont souvent « modestes », quand elles ne sont pas « réduites à peau de chagrin » pour certaines d'entre elles. Hétéroclites par la force des choses, ce qui en fait à la fois leur richesse et leur faiblesse, elles peuvent rassembler des techniciens professionnels, des personnes en cours ou en fin de parcours d'insertion, des bénévoles, « des vieux routards de l'insertion par l'économique ». Seul un petit nombre de structures ont recours à un travailleur social, et encore seulement à mi-temps, pour assurer l'accompagnement social et construire un projet d'insertion. La plupart sous-traitent cette fonction à des services extérieurs. Cet accompagnement constituant néanmoins « le premier métier des jardins », souligne la FNARS , insistant sur le fait qu'il ne doit pas être sacrifié pour des raisons de rentabilité.
L'évaluation sur 12 jardins fait apparaître que le public en insertion est en majorité masculin. Près de 63 % ont moins de 35 ans. 85 % des personnes sont embauchées sous contrat emploi-solidarité. Elles sont allocataires du RMI (72 %), chômeurs de longue durée (47 %), reconnues handicapées (12 %) et ont eu parfois affaire avec la justice (13 %). L'évaluation met en évidence « le côté restructurant » du dispositif, qui permet à la personne, par le biais d'un contrat de travail, de retrouver un statut social. En outre, est-il relevé, le jardinage « sur le plan physique, tout autant que psychologique, a incontestablement des vertus équilibrantes » et constitue « un excellent outil d'insertion ». Les résultats ? 35 % des personnes ont pu trouver un emploi, dans le domaine agricole ou non 18 % se sont engagées dans une formation pré-qualifiante ou qualifiante (souvent agricole, horticole, environnement ou maraîchage) 19 % ont pu accéder à un logement, à des soins, ou rétablir des contacts avec leur famille. Par contre, 27 % des publics restent « sans solution », ce qui renvoie au problème majeur de ceux qui ne peuvent s'insérer dans « un cadre souple mais nécessitant tout de même un minimum de règles ».
L'étude souligne également les difficultés liées aux financements en raison même du caractère expérimental et innovant des jardins. Un seul jardin a le statut d'entreprise d'insertion, tandis que les autres ne rentrent dans « aucune case des dispositifs d'insertion par l'économique ». Quant au chiffre d'affaires, il représente 2 781 000 F (231 000 F par jardin) pour les 12 structures évaluées. Sachant que beaucoup ne sont qu'à leur première année de fonctionnement. Le rapport se félicite, par ailleurs, de la forte mobilisation des habitants : 2 500 familles adhèrent ainsi à « une part de légumes » et à « une démarche » reposant sur « un mode de distribution original » participant à l'insertion. Néanmoins, seulement 50 % des structures ont ouvert leur conseil d'administration aux adhérents. Ce qui frappe finalement, c'est la grande diversité des situations, conclut la FNARS. Même si le lien social, la convivialité, la participation au développement local et l'insertion sont les points forts du dispositif. Lequel doit « apprendre à grandir sans se dénaturer ».
(1) Evaluation effectuée à partir d'un questionnaire adressé à tous les jardins de ce type et présentée lors des journées d'étude des 8 et 9 novembre 1996 à Valence. FNARS : 76, rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris - Tél. 01 45 23 39 09. Voir également ASH n° 1863 du 20-01-94 et n° 1865 du 3-02-94.