ASH : Vous estimez que le travail protégé l'est de moins en moins. Pourquoi ? G.Z. : C'est effectivement le cas, non seulement en raison de la raréfaction générale de l'emploi qui entraîne des difficultés économiques dans les CAT, mais, aussi, parce que la participation de l'Etat au financement de nos établissements diminue tous les ans. J'ai calculé qu'en dix ans, en francs constants, les budgets sociaux des CAT ont augmenté de seulement 3,5 %. C'est de plus en plus problématique et l'activité économique des CAT est toujours plus sollicitée pour combler les déficits de l'intervention de l'Etat. Il est vrai que l'on crée encore des places en CAT (2 000 prévues en 1997) mais elles le sont avec un prix à la place de 55 000 F qui ne correspond absolument pas à leur coût réel qui est, selon le ministère, de 66 000 F en moyenne. Dans ces conditions, ou l'on crée des places n'importe comment et sans moyens ou on ne les crée pas vraiment. Avec le risque que le CAT ne devienne une entreprise excluante. Ce que nous refusons. En effet, ce qui est essentiel, ce n'est pas l'activité économique ou les excédents commerciaux mais les usagers et la productivité sociale, c'est-à-dire leur bien-être et leur qualité de vie. ASH : Quelles sont les conséquences de cette situation pour les directeurs de CAT ? G.Z. : Au quotidien, les directeurs, comme les présidents des associations gestionnaires, sont pris dans une double crise, celle de la protection sociale et de l'emploi, qui se traduit par des diminutions de crédits et des difficultés à trouver des activités économiques dans certaines régions. Et ces problèmes ne peuvent que s'accentuer si l'on ne réfléchit pas à une évolution des CAT aujourd'hui. ASH : Justement, vous souhaitez définir une doctrine, des orientations et un plan d'action pour les CAT. Quelles sont vos propositions ? G.Z. : Nous avons quelques idées mais il n'est pas question de proposer un produit tout prêt aux directeurs. Ceci dit, on peut rappeler que les CAT ont été créés dans une période de prospérité. Depuis, les choses ont radicalement changé et, à moins d'être totalement conservateur, il faut se poser la question de la définition des CAT dans une société en mutation. Comment faire ? Je crois, comme d'autres, que nous devons nous interroger sur l'emploi. Doit-il tenir une place aussi importante qu'autrefois dans les CAT ? Ceux-ci ne doivent-ils pas réfléchir à une mission d'action sociale beaucoup plus claire ? C'est-à-dire devenir de véritables centres ressources pour l'adaptation sociale, l'intégration dans les milieux naturels de vie... Le CAT reste un outil très intéressant mais il n'est plus un endroit où l'on se contente d'organiser un atelier. Il faut réfléchir à autre chose, à des missions plus riches. ASH : Quels seront vos objectifs, après cette première rencontre nationale ? G.Z. : Andicat n'est pas une association de défense des directeurs de CAT. Il y a des organismes pour ça. Notre but, c'est de réfléchir à l'avenir des structures que nous dirigeons. Les pouvoirs publics semblent d'ailleurs très intéressés d'avoir des interlocuteurs professionnels au niveau national. Nous entendons être présents et nous allons demander à participer à toutes les concertations que lancera le ministère sur l'évolution des CAT. Evidemment, nous travaillerons de concert avec les autres organisations concernées mais il n'est pas question que d'autres nous représentent.
(1) Créée en décembre 1996, Andicat annonce 150 adhérents sur les 1 200 CAT existants en France. Contact : 1, avenue Marthe - 94500 Champigny-sur-Marne - Tél. 01 45 16 15 15.