Comment adapter la formation continue aux annexes XXIV ? Le groupe de travail, constitué par la direction de l'action sociale (1) sur ce thème et coordonné par Jacqueline Gorgue, vient de rendre ses conclusions. Le décret et les circulaires qui fondent cette réforme (2) « imposent le renouvellement des réflexions des pratiques éducatives à l'égard du handicap », affirme-t-il d'emblée. Car, si celle-ci ne remet pas en cause les formations initiales, elle conduit « à reconsidérer le principe même de la formation continue, en ce sens qu'elle oblige à en repenser la démarche en termes notamment d'accompagnement des professionnels dans l'évolution de leurs pratiques ». Et elle devient « un axe prioritaire ». En effet, selon le groupe de travail, les annexes XXIV opèrent « un renversement de sens et de valeurs » puisqu'elles substituent à une logique de placement celle de prestation, à une logique de malade-handicapé celle d'usager, et enfin à une logique d'adaptation celle d'insertion. Plus concrètement, les annexes XXIV conduisent à promouvoir « une nouvelle démarche institutionnelle » organisée autour de la prise en charge globale centrée sur l'usager. Laquelle se traduit par l'élaboration du projet individuel articulé à un projet d'établissement. En outre, ajoutent les membres du groupe de travail, l'institution doit désormais nouer des partenariats avec l'extérieur, puisque les textes mettent l'accent sur le maintien en milieu ordinaire et l'intégration scolaire. Enfin, la prise en charge globale doit s'inscrire dans une démarche de prévention et d'évaluation. Or le groupe de travail constate les écarts existants entre ces orientations et la réalité sur le terrain : « Si un certain nombre d'établissements n'ont pas attendu la publication des nouvelles annexes pour orienter leurs projets dans les directions préconisées [...], ils sont une minorité à les vivre dans leurs pratiques. »
Aussi, face aux difficultés des acteurs à « repositionner leurs pratiques », la formation continue apparaît comme « un moyen d'accompagnement » de la réforme. Celle-ci ayant engendré « la nécessité de qualification supplémentaire ». Pour le rapport, la formation continue doit permettre d'adapter les compétences acquises au cours des formations initiales aux fonctions, de soutenir les innovations et de « dynamiser » et « mobiliser les énergies ». Il s'agit notamment de passer d'une logique de pluriprofessionnalité à « une interprofessionnalité reposant sur des identités professionnelles fortes en même temps que sur une culture et une méthodologie communes ». C'est ainsi que le groupe de travail propose une formation autour de 19 thèmes regroupés en quatre modules : les fondements des annexes, l'approche des handicaps, la méthodologie de projet, la connaissance et la maîtrise des outils. Ouvert à tous les professionnels œuvrant dans le cadre des annexes, post-diplômés initiaux, quel que soit leur niveau, ce dispositif devrait s'inscrire dans le cadre du schéma régional de formation et d'un protocole d'agrément et d'évaluation des actions proposées. Et le groupe de travail suggère que les DRASS, qui en seraient l'institution référente, labellisent les organismes chargés de la mise en œuvre selon la procédure suivante :un label 1 accordé aux centres de formation multifilières et monofilières assurant les formations initiales et disposant de la filière Education spécialisée un label 2 pour les organismes de formation liés à une école ayant eu le label 1 un label 3 pour les centres de formation continue respectant le cahier des charges. Dans ce cadre, des accords devraient être passés avec les fonds d'assurance formation et les DRASS pourraient s'appuyer sur les centres régionaux pour l'enfance et l'adolescence inadaptée (CREAI), suggèrent encore les membres du groupe qui insistent sur « l'incontournable lien entre formation initiale et continue ».
(1) Six autres groupes de travail sont engagés dans ce travail d'évaluation de la réforme des annexes XXIV. Ils concernent les statistiques du secteur médico-social (0/20 ans), l'évaluation des schémas médico-sociaux, l'évaluation des pratiques en CDES, l'intégration scolaire avec l'Education nationale, l'évaluation qualitative des établissements et services médico-sociaux, la facturation et les problèmes de tarification pilotés par la direction de la sécurité sociale.
(2) Voir ASH n° 1693 du 1-06-90.