...Françoise Michaud, sur le CNIDFF

ASH  : Quel bilan dressez-vous de vos 25 années d'existence ?

F.M. : Les CIDF aujourd'hui, c'est un réseau composé de 130 associations locales, 22 unions régionales et 500 antennes réparties dans les quartiers en difficulté et les zones rurales et coordonné par une association nationale agissant sous l'autorité du ministre délégué à l'emploi et aux droits des femmes. Et je crois qu'aujourd'hui, on est plus que jamais nécessaires. Nous avons eu aussi la chance que, lors de notre création en 1972, les fondateurs nous aient donné ce que j'appelle du sens. Il était écrit dans le texte fondateur que nous devions répondre au public et aux femmes avec un souci de globalité, de diversité et de chaleur humaine. Cela nous a un peu servi de ligne de conduite pendant 25 ans.

ASH  : Qu'est-ce qui a changé pendant toutes ces années ? F.M. : Aujourd'hui les personnes ont souvent besoin, à côté de l'information sur leurs droits, d'un accompagnement personnalisé. Car le public a changé. S'adressent à nous des hommes et des femmes qui, quelquefois, ont vu des tas d'organismes mais sans réussir à trouver ceux qui vont leur permettre de bien s'orienter. Il y a un peu plus de gens « paumés ». Les questions le plus souvent posées sont celles qui touchent le droit de la famille comme la séparation, les conflits familiaux, le problème des enfants... Et l'on voit de plus en plus de personnes qui ne font plus face aux difficultés familiales en raison de conflits avec leur mari, les enfants, ou en raison de problèmes psychologiques, de solitude et d'angoisse du lendemain. Depuis 10 ans maintenant, de plus en plus de gens sont confrontés à un chômage angoissant. Ce peut être des jeunes, des femmes en réinsertion mais aussi des gens qui rentrent ou qui ont peur de rentrer dans le chômage de longue durée. ASH  : A la veille de la journée internationale des femmes, comment voyez-vous l'évolution de la place de la femme aujourd'hui ? F.M. : Dans le domaine de l'emploi, un des vrais débats auquel on ne peut pas échapper, c'est le partage du travail. Je crois que les femmes, qui ont connu souvent des périodes de discontinuité dans le travail et qui ont accepté de se former, pourraient tout à fait, si on réfléchissait avec elles, guider la société vers cette mobilité vers laquelle on va. Et sans que cela soit encore au détriment de leur place dans le travail. ASH  : Quels sont les projets du CNIDFF ? F.M. : Développer l'aide à la création d'entreprise, par exemple. On remarque dans nos permanences que les femmes, très implantées dans leur quartier et leur lieu de vie, repèrent très bien ce qu'on appelle les services manquants à la collectivité. Et, si elles trouvent le bon accompagnement et le bon accès au crédit, cela peut les aider à accéder à l'emploi. Aussi dans une trentaine d'associations, on est en train de réfléchir à cet accompagnement des femmes vers la création de leur propre emploi. Une autre de nos grandes orientations concerne la création des bureaux d'accompagnement individualisé vers l'emploi des femmes dans tous les départements, car ces services répondent aussi à la nouvelle approche du travail des femmes.