Le ministère de la Justice a rejeté, le 20 février, l'idée de mettre des seringues à la disposition des détenus toxicomanes. « L'usage des produits stupéfiants constitue un délit passible d'emprisonnement », a rappelé la chancellerie, estimant que la distribution de seringues en milieu pénitentiaire « reviendrait donc à légitimer la commission d'infractions dans le lieu même chargé de les sanctionner ». Reconnaissant toutefois que la présence d'un nombre important de toxicomanes constitue « une véritable préoccupation », le ministère de la Justice a précisé que l'amélioration de la prise en charge de cette population passe par « un accroissement de la lutte contre l'entrée de produits » ainsi que par des mesures en matière de « prévention des risques de maladies transmissibles ». Il prône, notamment, l'accès aux traitements de substitution et la mise à disposition d'eau de Javel diluée.
En refusant la mise à disposition de seringues dans les établissements pénitentiaires, Jacques Toubon a ainsi opposé une fin de non-recevoir aux organisations (1) qui, quelques heures plus tôt, avaient présenté une plate-forme sur la toxicomanie en prison. S'appuyant sur les conclusions du rapport Gentilini (2), elles réclamaient, en effet, dans une perspective de réduction des risques, « l'égalité de l'accès aux soins et à la prévention » pour les détenus. En particulier par la mise à disposition « de matériel d'injection stérile » et « la dépénalisation de l'usage de stupéfiants aujourd'hui illicites ».
(1) Act-Up Paris, Aides, Médecins du monde, Observatoire international des prisons, Syndicat de la magistrature, Auto-Support Banlieues.
(2) Voir ASH n° 1999 du 29-11-96.