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Catherine Mégret et les éducateurs

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Dans une interview au Berliner Zeitung du 24 février, Catherine Mégret, maire Front national de Vitrolles, a déclaré vouloir remplacer les éducateurs par des policiers. Des propos dont « l'esprit a été déformé » , affirme-t-elle aujourd'hui, mais qui n'en ont pas moins provoqué de vives réactions (1).

L'interview accordée par Catherine Mégret au Berliner Zeitung (journal allemand) du 24 février est édifiante. A peine élu, le nouveau maire Front national de Vitrolles y réaffirme sa croyance dans les « différences entre les races », estime que « l'insécurité est liée à l'immigration » et déclare vouloir « donner moins d'allocations » aux immigrés pour «  donner à des Français ». Par ailleurs, faisant écho aux propos sur « l'inefficacité » des éducateurs de rue, tenus quelques jours plus tôt par son mari, elle indique vouloir supprimer les postes de travailleurs sociaux mis en place par l'ancienne équipe municipale pour leur substituer des policiers qui « au lieu de faire de la prévention [...] feront de la répression, c'est-à-dire [qu'] il faut punir, poursuivre, attraper ceux qu'on connaît ».

On s'en doute, ces propos ont immédiatement provoqué des réactions très négatives. Ainsi, l'Union fédérale de l'action sociale CGT émet « les plus vives protestations », estimant que ce discours « atteste une nouvelle fois de la nocivité de l'ensemble des propositions du Front national en matière de jeunesse et de lutte contre l'exclusion ». De son côté, la Coordination nationale des collectifs d'assistants sociaux « condamne ces décisions totalitaires ainsi que la volonté de la municipalité d'écarter par la répression et l'exclusion les populations en difficulté et particulièrement les étrangers ». Un point de vue très proche de celui de Marie-Thérèse Patry, secrétaire fédérale de la CRC Santé-sociaux pour qui « la politique sécuritaire, de façon générale, crée des situations d'agressivité qui accentuent tant la délinquance que la violence ». « Ils vont mettre le feu. Il s'agit d'une politique folle que nous condamnons et combattrons », déclare, pour sa part, Pierre Godart, de la CFDT Interco des Bouches-du-Rhône. « Ce n'est pas en remplaçant des personnes qui font fonction de modérateurs par des policiers armés que l'on réglera les problèmes », explique-t-il. L'indignation est également forte au sein de l'Association française pour la sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence, qui avait déjà jugé « insultants » les propos de Bruno Mégret sur les éducateurs de rue et considéré comme inacceptable « que soient ainsi raillés celles et ceux qui constituent le dernier lien de la société avec les jeunes les plus marginalisés ». Enfin, le Comité national de liaison des associations de prévention spécialisée exprime une « vive indignation à l'égard des propos diffamatoires » du couple Mégret. « Les éducateurs de prévention spécialisée contribuent à la lutte contre la violence et mettent en œuvre quotidiennement la solidarité avec l'Autre », rappellent, notamment, ses responsables.

« Le souhait de la nouvelle équipe municipale est effectivement de se séparer des travailleurs sociaux », craint un agent municipal de Vitrolles, s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Trois éducateurs spécialisés et une animatrice (dont un titulaire, les autres étant contractuels) seraient dans le collimateur des nouveaux élus ainsi que certains agents d'ambiance. Même si, pour le moment, aucune procédure n'a été entamée en ce sens. Certains se montrent également très inquiets pour les huit maisons de quartier de la commune, même si, précisent-ils, elles sont pour l'instant préservées dans la mesure où elles parviennent à réguler les tensions avec les jeunes. « La nouvelle équipe municipale mettra en œuvre le programme nécessaire au redressement de la ville tel qu'il a été développé pendant la campagne et conformément aux principes de la nation et de la République », se contente de répondre Anne-Marie Charlot, chargée de mission au cabinet de Catherine Mégret, précisant que le détail des mesures n'a pas encore été arrêté. Elle reconnaît, néanmoins, que le Front national avait voté contre l'instauration des postes d'éducateurs car « l'éducation se fait dans les familles et les écoles ». J.V.

Notes

(1)  Le Monde du 26 février a publié des extraits de l'enregistrement de la conversation qui s'est déroulée, en français, entre Catherine Mégret et le journaliste du Berliner Zeitung. Les extraits cités ci-après en sont issus.

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