Les statistiques mensuelles du chômage ne reflètent qu'imparfaitement la situation des personnes sans emploi et pourraient être affinées par une « batterie d'indicateurs complémentaires qui décrirait l'ensemble des situations sur le marché du travail », soulignent, dans une étude publiée le 17 février, les anciens chercheurs du Centre d'étude des revenus et des coûts (CERC) (1). Ainsi, une statistique qui regrouperait les demandeurs d'emploi de toutes catégories (au nombre de huit), les personnes bénéficiaires des mesures des politiques d'emploi (contrats emploi-solidarité...), les préretraités et dispensés de recherche d'emploi, les chômeurs en formation, permettrait « de dépasser l'alternative chômeurs/non-chômeurs et de débattre plus sereinement autour du problème des besoins sociaux non satisfaits en matière d'emploi ». Selon les chercheurs, cet indicateur fait apparaître un nombre de « personnes privées d'emploi » égal à 5 000 811 à la fin 1995 (4 093 411 chômeurs inscrits et dispensés de recherche d'emploi, 330 000 en formation, 400 000 contrats emploi-solidarité ou assimilés, 177 400 préretraités).
L'association relève par ailleurs que le transfert de l'inscription des demandeurs d'emploi de l'ANPE vers les Assedic, engagé en 1996 et qui doit être généralisé cette année (2), « ne manquera pas d'entraîner une dérive dans les statistiques ». En effet, la double démarche demandée désormais aux intéressés (d'abord se rendre auprès de l'Assedic puis de l'agence locale pour l'emploi) engendrera un « double risque de déperdition ou d'évaporation des demandeurs d'emploi » chiffré à 10 % des inscriptions. D'où un effet « mécanique de diminution du stock des chômeurs cette année, à la veille de l'échéance électorale de 1998 ».
(1) « Chiffrer le chômage : des enjeux de société. » Les dossiers de CERC-Association n°1 - février 1997 - 10, rue Jacques-Mawas - 75015 Paris - Tél. 01 45 31 85 70 - 50 F.
(2) Voir ASH n° 1999 du 29-11-96.