Rompre avec la logique de traitement administratif des dossiers au profit d'une démarche de conseil et d'aide à la décision pour l'amélioration de l'habitat. Telle est la voie suivie, depuis septembre 1995, par le Pact du Loir-et-Cher (2). « Le système d'attribution des subventions actuel est flou et le traitement des dossiers standardisé : le retraité qui souhaite aménager son intérieur a du mal à savoir qui fait quoi et ne bénéficie pas de conseils techniques et personnalisés », explique Jean-François Legras, son directeur. Aussi, la démarche vise-t-elle à la transparence : « Ce n'est plus l'administration qui, via le centre Pact, fait réaliser des travaux chez le retraité mais c'est ce dernier qui, recevant une aide financière de sa caisse de retraite, convient ensuite librement avec le Pact de la mission qu'il lui confie. »
C'est ainsi que la personne âgée est systématiquement reçue par une conseillère « habitat » qui lui propose l'assistance du Pact. Si elle accepte, celui-ci réalise un diagnostic de sa demande lors d'une visite-conseil ou d'une étude de faisabilité des travaux effectuée avec un conseiller technique. Une étape considérée comme « cruciale » et délicate. Car la principale difficulté consiste à orienter les retraités, traditionnellement en attente de travaux d'entretien, vers une plus utile adaptation de leur logement. « Les anciens craignent souvent de voir leur maison transformée en établissement pour handicapés. Il est donc essentiel de prendre le temps de rassurer, d'expliquer que le fait de vieillir ne doit pas être ressenti de façon négative », précise Jean-François Legras. Quoi qu'il en soit, la formule, qui est soutenue par les autorités locales (le conseil général prend en charge une partie du coût des prestations et huit communes s'acquittent de la totalité du règlement de la visite-conseil et de l'étude de faisabilité), a permis la réalisation de travaux dans 200 logements. « En outre, beaucoup de nos clients dépassent les plafonds d'obtention d'aides des institutions de retraite, ce qui nous conforte dans l'intérêt de notre démarche : en matière d'assistance aux personnes âgées l'action sociale n'est plus tant la gratuité - leurs revenus moyens sont supérieurs à ceux des jeunes actifs - que l'aménagement du logement, ajoute le directeur . Par contre le système ne nous permet pas de gérer l'urgence, à la suite, par exemple, d'une hospitalisation : les délais sont trop longs. »
Dans les Landes, l'accent a été mis sur la mobilisation du territoire afin de maintenir la personne âgée dans la vie sociale. C'est ainsi qu'en décembre 1995, le Pact (3) a proposé des contrats locaux de soutien à domicile (CLSD) sur deux territoires ruraux des Landes :le pays d'Orthe (9 522 habitants) et le pays des Luys (6 748 habitants). Objectif : développer une politique d'action sociale concertée. C'est-à-dire mobiliser les autorités locales (maires, conseil général), les différents partenaires (caisses d'assurance maladie, aide à domicile en milieu rural, DDASS, représentants des établissements d'hébergement, professionnels de la santé) et les usagers, pour coordonner, développer les services sur le territoire et diversifier des formes d'hébergement « bien intégrées dans le tissu social ».
Concrètement, les élus se sont réunis autour d'un comité de pilotage constitué de responsables institutionnels et de financeurs du maintien à domicile, au niveau local et départemental. Lequel a ensuite désigné un groupe ressource (représentants de clubs de retraite, travailleurs sociaux, élus et administratifs), fixant trois orientations de travail :l'habitat et les questions d'hébergement, la santé et les services à domicile, l'animation et la vie sociale. Tandis qu'une enquête générale auprès de la population des plus de 60 ans - vie quotidienne, logement et attentes en termes de services et d'animation - a permis de dégager les spécificités de chacun des territoires et d'y adapter des projets précis, ensuite transformés en actions réalisables : les contrats locaux de soutien à domicile. Par exemple, dans le pays d'Orthe, la population est vieillissante (2 853 habitants ont plus de 60 ans). Bon nombre de personnes âgées n'ont pas de voiture et, dans 40 % des cas, leurs logements sont dépourvus de chauffage central. Les programmes d'action passent donc par la professionnalisation des aides-ménagères quand elles sont employées directement par des particuliers, le développement des transports en commun, des activités de loisirs, des services à domicile et, bien sûr, l'adaptation de l'habitat. « Mais l'intérêt majeur, souligne Josette Labeguerie, directrice du Pact, a été de permettre aux professionnels de travailler ensemble. Or, difficile les premiers temps, cette coopération s'est avérée fructueuse. Ce qu'il faut, c'est qu'elle devienne un réflexe de travail. »
Lise Bouilly
(1) Lequel organisait à Paris, le 19 décembre dernier, un colloque sur « Les nouvelles approches de la question de l'habitat des personnes âgées ».
(2) Pact du Loir-et-Cher : 30, quai Abbé-Grégoire - 41006 Blois - Tél. 02 54 55 51 11.
(3) Pact des Landes : 46, rue Baffert - 40100 Dax - Tél. 05 58 90 17 87.