C'est entouré de 13 de ses ministres qu'Alain Juppé a présidé, le 10 février, la conférence nationale pour l'emploi des jeunes à laquelle était conviée une soixantaine d'acteurs concernés par la lutte contre le chômage (organisations syndicales, patronales, étudiantes, élus, organismes consulaires nationaux, ANPE, UNAF...), à l'exception toutefois des syndicats d'enseignants. Avec 9 % des jeunes de 16 à 25 ans au chômage (près de 25 % des actifs de cette classe d'âge) et une durée moyenne d'inactivité de 8 à 9 mois entre la sortie du système éducatif et le premier emploi, la France « connaît là un grave échec collectif », a affirmé le Premier ministre. Voyant dans cette réunion « le moyen de remettre les choses à plat », il a insisté sur la nécessité de « définir une nouvelle méthode » qui soit « pragmatique » et « adaptée à la diversité des jeunes ».
A l'issue de six heures d'un débat que le Premier ministre a qualifié de « positif », les mesures arrêtées s'articulent autour de cinq axes :
Les partenaires sociaux se sont engagés sur un objectif de 400 000 jeunes en formation en alternance en 1997 (contre 330 500 en 1996). Le nombre de contrats d'apprentissage atteindrait 230 000, contre 189 000 en 1996 (+ 20 %), le nombre de contrats de qualification passant de 94 500 à 130 000 (+ 35 %). Pour atteindre ces objectifs, 100 à 150 grandes entreprises, dont les engagements seront rendus publics début avril, devraient accueillir au minimum 2 % de leur effectif en alternance.
Autre moyen mis en œuvre, le développement de l'apprentissage. Le nombre de places dans les centres de formation d'apprentis devrait ainsi augmenter de 15 %, grâce à l'attribution de 70 millions de francs supplémentaires aux régions, tandis que des sections d'apprentissage seront ouvertes, dès la rentrée prochaine, dans les lycées d'enseignement professionnel « à hauteur des places nécessaires pour atteindre les objectifs annoncés ». Enfin, Alain Juppé a indiqué que le gouvernement soutenait la proposition de loi Jacquemin « relative à la promotion de l'apprentissage dans le secteur public non industriel et commercial », qui prévoit notamment l'attribution d'une aide financière égale à celle versée dans le secteur privé (aide à l'embauche de 6 000 F et aide au soutien à la formation d'un montant de 10 000 F à 12 000 F par an) (1). 10 000 apprentis pourraient ainsi être recrutés par les collectivités territoriales.
Dans le domaine de l'alternance toujours, le Premier ministre a annoncé que la prime au contrat de qualification, qui a pris fin le 31 décembre dernier, serait reconduite avec effet rétroactif au 1er janvier 1997 (prime égale à 5 000 F si la durée du contrat n'excède pas 18 mois et à 7 000 F si elle est supérieure à 18 mois) (2). Enfin, les partenaires sociaux se réuniront pour définir une méthodologie sur la prospective des métiers et des qualifications dans les branches.
(1) Voir ASH n° 1979 du 14-06-96.
(2) Voir ASH n° 1979 du 14-06-96.