« L'évolution de la parentalité moderne, l'irruption de nombreuses familles “à parentalité réduite”, la perte d'influence des mouvements d'éducation populaire et de jeunesse, le repli un peu frileux de l'Education nationale autour de “savoirs fondamentaux” qui s'accompagne d'un certain abandon d'ambitions éducatives fortes, concourent à isoler l'enfant des villes et notamment en milieu dit défavorisé.
« Au moment même où on sollicite chaque jour davantage sa responsabilité et son autonomie, on le prive d'interlocuteurs qui “tiennent” dans sa vie de tous les jours.
« Les intervenants qu'il côtoie limitent de plus en plus leur intervention à une spécialité et à une technique et, le plus souvent, refusent de prendre en compte la globalité de l'histoire de l'enfant ou son besoin d'être simplement accompagné.
« Les lieux qui sont destinés aux 6-13 ans calquent leurs horaires sur les horaires de bureau. Or c'est bien souvent le soir et même la nuit que certains enfants sont seuls mis à l'écart d'une dispute, oubliés par un parent retardé ou en compagnie de personnes trop occupées par leurs propres problèmes. Ces enfants n'ont, la nuit, aucun recours possible hors l'hôpital et le commissariat.
« Il nous semble nécessaire de créer des lieux ouverts le soir et la nuit, fonctionnant en complémentarité avec des lieux d'accueil périscolaires qui permettent de contacter ces enfants, dans lesquels ils puissent être reçus, accueillis et écoutés sans pour autant provoquer une coupure ou une rupture trop grande.
« Il est essentiel que ces lieux soient des lieux “ouverts”, c'est-à-dire accueillant des enfants volontaires et demandeurs, en dehors de toute mesure de signalement, de placement ou autre. Les enfants accueillis devraient pouvoir dès le lendemain rejoindre leur établissement scolaire ou leur famille.
« Ces lieux seraient ainsi des recours, ouverts quand tout est fermé, destinés à rassurer l'enfant sur ses possibilités d'être accueilli et pris en compte.
« Un tel type d'accueil serait de nature à renforcer les facteurs de protection des enfants et constituerait ainsi un élément d'une politique ambitieuse en matière de prévention primaire de la violence, de la maltraitance et de “l'abandonnisme”.
« Le concept de l'internat en milieu ouvert est par ailleurs un premier maillon d'une conception de l'éducation libérée de la fonction de garde et axée sur l'accueil de l'hétérogénéité, l'autogestion et la coopération. »
(1) Association Intermèdes : 16, rue Léon-Renard - 91160 Longjumeau - Tél. 01 69 34 69 11.