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De la bienfaisance à la solidarité : quel progrès ?

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Rina Dupriet, secrétaire générale de l'Association nationale des cadres communaux d'action sociale, s'interroge sur le sens de la célébration du bicentenaire des CCAS (1).

«  Au moment où les communes n'hésitent pas à investir pour commémorer le bicentenaire des centres communaux d'action sociale  (CCAS), meurent ici ou là des personnes en grande difficulté, frappées par le froid glacial de cet hiver 1996-1997, que la société a exclues du travail et du droit au logement. L'image de saint Vincent de Paul qui ramassait les enfants abandonnés [...] est toujours d'actualité. Aujourd'hui, les services publics se mobilisent pour créer un SAMU social dans leur ville afin d'aller à la rencontre de ceux et de celles qui, comme hier [...], se nichent au coin des portes ou sous un pont pour se protéger du froid [...].

« Hier, on ouvrait des “ateliers de charité” pour recevoir les vieillards, les infirmes, les femmes et les enfants pour le travail des laines, des filatures de coton, pour la réparation des chemins vicinaux, pour le glanage du blé. Aujourd'hui, on ouvre des chantiers d'insertion, des chantiers écoles, on crée des associations intermédiaires, on coordonne l'ensemble de ces dispositifs dans un PLIE et on se dit avoir bonne conscience. Hier, on prenait des arrêtés relatifs à la répression de la mendicité et aux moyens de pourvoir aux secours à domicile. Aujourd'hui, on prend toujours des arrêtés pour interdire la mendicité sur la voie publique dans les centres des grandes villes, ou pour obliger les plus miséreux à rejoindre un centre d'accueil de nuit. [...]

« Quel progrès avons-nous fait ?Fallait-il vraiment célébrer ce bicentenaire ?Devons-nous rougir des moyens mis en œuvre aujourd'hui par les villes et les CCAS ? Il est vrai que nous n'avons pas inventé grand-chose. Les soupes populaires et les fourneaux économiques se sont transformés en restaurants du cœur, en centres d'accueil ou en boutiques solidarité. Les grandes associations caritatives n'ont pas disparu, elles se sont au contraire transformées et développées ! Alors, fallait-il avoir honte de commémorer ces deux siècles de bienfaisances, d'action sociale et de solidarité ?

« Sur le fond, chacun peut en effet penser qu'il est ridicule de commémorer un échec. Car si l'action sociale est si forte aujourd'hui, c'est que la société dans laquelle nous vivons a exclu et continue d'exclure plus de 5 millions de personnes. Chacun sait que plus de 3 millions de personnes vivent actuellement d'un minimum social. C'est dire toute la fragilité de notre système. Et pourtant, notre pays jouit de la meilleure couverture sociale. Chacun vous le dira.

« Sur la forme, pensons aux milliers d'acteurs sociaux qui évoluent aussi bien dans les services publics que dans les associations caritatives et qui déploient toute leur énergie depuis des générations pour venir en aide aux plus démunis. Pensons aux travailleurs sociaux à qui on reproche un peu rapidement de n'être pas assez efficaces et performants, alors qu'ils ne disposent que de peu de moyens. Pensons aux bénévoles [...]. Pensons à l'ensemble des fonctionnaires de l'action sociale qui œuvrent, jour et nuit, au nom du service public pour répondre aux besoins croissants et évolutifs des populations défavorisées.

« C'est vrai que 100 ans après les premières lois d'assistance aux vieillards, 50 ans après la généralisation de la sécurité sociale, 8 ans après le revenu minimum d'insertion, on a l'impression que notre pays est irrémédiablement marqué par la pauvreté et l'exclusion. Et si cette commémoration était tout simplement une façon de porter une reconnaissance particulière à l'ensemble des acteurs sociaux, mais aussi de crier à notre société : “Plus jamais cela” ? »

Notes

(1)  Voir ASH n° 2006 du 17-01-97 - ANCCAS secrétariat général : CASVP - 5, bd Diderot - 75012 Paris - Tél. 01 44 67 18 26.

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