ASH : Pourquoi avoir créé le Forum social ? H. de B. : Son objectif est de permettre aux associations étudiantes à vocation sociale de se rencontrer. Celles-ci connaissent en effet un problème de taille critique et, donc, de crédibilité. Aussi, nous avons décidé de réunir le plus grand nombre possible d'associations et de leur faire rencontrer des maires, des chefs d'entreprise et des travailleurs sociaux qui puissent apporter des réponses à leurs problèmes : recrutement, financement, coopération avec les collectivités locales... ASH : Estimez-vous que ces associations font de l'action sociale ? H. de B. : Chez les étudiants qui en font partie, il y a une certaine lassitude par rapport aux grands discours sur l'exclusion. Ils veulent aller voir comment ça se passe vraiment sur le terrain et s'impliquer concrètement avec un véritable souci du respect de l'autre. En même temps, ils sont le plus souvent pleins de bonne volonté et vont là où l'on a besoin d'eux. Leur but, c'est de donner un coup de main là où ça ne va pas. En ce sens, ces associations représentent la partie la plus flexible de l'action sociale. ASH : N'entrent-elles pas en rivalité avec les travailleurs sociaux ? H. de B. : Ces associations commencent par être, d'abord, des francs-tireurs. Mais, lorsque leur travail est utile, elles rencontrent très vite des élus locaux et des professionnels avec lesquels le dialogue s'engage. Ne serait-ce que pour des questions matérielles (subventions, locaux...) ou de formation. Cependant, on ne peut pas dire qu'il existe une rivalité avec les travailleurs sociaux. Si une association se crée, c'est généralement parce qu'il y a un besoin non couvert. Nous intervenons dans des milieux suffisamment difficiles pour nous rendre compte que nous ne pouvons pas faire n'importe quoi. Et, d'ailleurs, nous sommes très souvent guidés par des professionnels. ASH : Mais comment ces associations font-elles face aux problèmes de sélection et de formation ? H. de B. : Certaines d'entre elles ont mis en place des stages, mais il est vrai qu'il existe un gros problème de formation des bénévoles qui, généralement, ne maîtrisent pas la dimension psychologique du contact avec les personnes en difficulté. On peut apprendre sur le terrain mais ça peut coûter cher d'envoyer des gens trop fragiles. Quant aux personnes qui veulent faire du prosélytisme ou servir leurs ambitions personnelles, elles tombent vite de haut parce qu'il est clair que l'action sociale, ça ne paye pas. Très rapidement, les motivations personnelles s'effondrent et on se rend compte que la seule priorité est celle du milieu où l'on intervient. ASH : Finalement, en quoi votre action se distingue-t-elle du simple « coup de cœur » ? H. de B. : Il y a une énorme volonté de travailler de façon structurée. Ça n'est plus un « coup de cœur » lorsqu'on gère des sommes importantes et que 80 enfants vous attendent toutes les semaines. Il y a une nécessité de sérieux et de rigueur. C'est vrai qu'il y a parfois des velléitaires un peu romantiques. Mais quand ils voient le niveau d'exigence demandé, généralement ils ne restent pas. Les autres ont très bien compris qu'on ne survit pas dans ce milieu sans se structurer et se former. Ce qui demande une certaine humilité.
(1) 45 associations étaient représentées au Forum social, venant essentiellement des écoles et universités de la région parisienne. Elles interviennent dans les domaines de l'humanitaire, de l'insertion, du soutien scolaire et de l'aide aux personnes en difficulté. Contact : Nathalie Woringer - Association Fleur de bitume HEC - Tél. 01 39 67 77 26.