A vouloir trop protéger l'enfant et lui fixer des droits, on « victimise » celui-ci et diabolise ses parents. Contribuant ainsi à la disqualification de la fonction parentale, en général. « Il importe aujourd'hui de trouver une juste voie entre le déni de la maltraitance et la stigmatisation des parents », souligne la psychanalyste et pédopsychiatre Caroline Eliacheff. Laquelle s'interroge sur les dangers du contrôle étatique accru sur la vie familiale qu'entraîne aujourd'hui la mobilisation autour de la prévention de la maltraitance. Car si la violence parentale existe, les réponses institutionnelles mises en place peuvent elles aussi être violentes et aller à l'encontre de l'intérêt de l'enfant que l'on entend pourtant protéger. Si ce constat en soi n'est pas nouveau, le mérite de l'auteur est d'examiner celui-ci, très concrètement, à la lueur des consultations psychanalytiques qu'elle mène avec des enfants de moins de 3 ans, maltraités physiquement ou psychiquement. Et c'est à travers sa pratique qu'elle évoque ainsi certaines attitudes de toute-puissance de l'ASE à l'égard des parents renvoyés parfois encore dans leur irresponsabilité, la violence de certaines séparations qui suppriment toute présence parentale, le manque de réflexion autour de l'accueil à l'hôpital des mères accouchant sous X, la lenteur de certaines décisions administratives ou judiciaires... Même si quelques institutions « ont pris conscience de l'éviction des parents ».
Vies privées : de l'enfant roi à l'enfant victime - Caroline Eliacheff - Ed. Odile Jacob - 120 F.