« Que peut être le travail, aussi obstiné soit-il, d'un éducateur face à l'inépuisable ardeur déconstructrice d'un enfant fou ? », s'interroge Daniel Terral. Face à « l'ininscriptible » de la folie, il reste « cette possible démarche, patiente, ardue, têtue qui transforme en expression une gestuelle inconsidérée, qui donne sens à ce qui en paraissait dépourvu ». Ecrire pour donner à voir, tracer, impressionner des données et « permettre de trouver »... A partir de sa propre expérience menée pendant plus de 20 ans auprès d'enfants fous, autistes, schizophrènes et se référant très largement à Fernand Deligny qui traçait les lignes d'erre des enfants autistes, l'auteur nous entraîne dans une réflexion, émaillée de souvenirs tirés de sa propre pratique, autour de la fonction d'écrire dans le travail social. Témoignant combien cet acte par essence solitaire, distancié dans l'espace et le temps, ce travail autour du mot peut permettre, face à « un réel s'esquivant sans cesse », d'établir du repérable, de produire un matériau pouvant être travaillé... Et d'être ainsi instrument de recherche. L'exercice de l'écriture constituant, selon lui, « une deuxième manière de faire, le deuxième versant d'une pratique d'intervention sociale ». Et par là, un nouvel outil à investir... Traces d'erre et sentiers d'écriture : entre folie et vie quotidienne - Daniel Terral -Ed. érès - 95 F.
Lectures du Mois
Traces d'erre et sentiers d'écriture
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