Le parrainage repose sur l'idée de faire accompagner des jeunes vers l'emploi par des personnes bénévoles qui ont la confiance des employeurs. Expérimentés progressivement depuis 3 ans - dans 5 régions à l'origine (1), et développés ensuite dans 10 puis 14 régions -, les réseaux de parrainage se révèlent, au vu des premières évaluations (voir encadré), un « succès immédiat ». De 20 expériences la première année, il y en a maintenant 127 réparties dans 14 régions, intéressant 6 000 jeunes environ, et plus de 100 structures associatives s'y sont associées.
Une circulaire interministérielle du 8 novembre 1996 généralise désormais cette démarche à tout le territoire, pour en faire un des « moyens d'accompagnement des publics en difficulté d'insertion vers une activité stable et rémunérée ». Concrètement, l'objectif est de constituer 200 à 250 réseaux de parrainage et de faire parrainer 10 000 jeunes. A cet effet, une charte du parrainage a été présentée le 28 novembre à tous les acteurs concernés. De nouveaux partenariats seront aussi recherchés tant pour permettre la constitution et le développement d'autres réseaux de parrains que « pour assurer la pérennisation du financement de cette mesure ».
Le pilotage de ce dispositif reste assuré au niveau interministériel par la délégation à la population et aux migrations (DPM), la délégation interministérielle à l'insertion des jeunes (DIIJ), la délégation interministérielle à la ville (DIV), la délégation à l'emploi (DE) et la direction de l'action sociale (DAS).
A noter : les circulaires du 29 juillet 1994 (2) et du 27 juillet 1995 (3) sont abrogées.
Le comité interministériel de pilotage de l'expérimentation « parrainage » a fait procéder, début 1996, à une évaluation portant sur 20 expériences représentatives (concernant 150 parrains et 300 jeunes).
A l'entrée en parrainage, 92 % des jeunes parrainés étaient à la recherche d'un emploi.85 % étaient peu qualifiés (34 % sans diplôme, 47 % avec CAP ou BEP). 70 % avaient plus de 21 ans. 35 % étaient issus de l'immigration.
Six mois après, 53 % étaient insérés dans le monde du travail dont 36 % en contrat à durée déterminée (CDD) d'au moins 3 mois, 22 % en contrat à durée indéterminée (CDI), 20 % en contrat aidé, 18 % en contrat emploi-solidarité, 4 % en apprentissage.
Quant aux parrains, 75 % sont des hommes. 68 % sont des cadres d'entreprises dont 13 % des chefs d'entreprise.35 % sont retraités. Autre constat, 86 %s'investissent dans cette action à titre individuel et non pas seulement parce qu'ils appartiennent à un organisme ou à une association.
Une première analyse montre que :
• les jeunes les moins formés accèdent plus facilement à un CDI alors que les jeunes qualifiés sont très majoritairement en CDD
• la présence du parrain rétablit l'équité dans l'accès à l'emploi, notamment vis-à-vis des jeunes immigrés
• dans 66 % des cas, l'action de parrainage continue après l'intégration du jeune en entreprise.
Le parrainage consiste en l'accompagnement d'un jeune dans sa démarche de recherche d'emploi et de travail par un parrain bénévole, actif ou retraité, désigné par une structure d'accueil telles que les missions locales, les permanences d'accueil, d'information et d'orientation (PAIO), les associations...
L'objectif du parrainage reste de « faciliter l'accès et le maintien dans l'emploi de jeunes en les faisant accompagner par des personnes bénévoles ayant la confiance des employeurs ».
L'action de parrainage n'a donc pas pour effet de se substituer aux autres dispositifs existants, en particulier l'appui social individualisé (4) et, le moment venu, les itinéraires individualisés d'insertion professionnelle pour les jeunes, envisagés dans le cadre du projet de loi de cohésion sociale (5). Ces différents dispositifs sont complémentaires, souligne la circulaire.
Sont concernés les jeunes de 16 à moins de 26 ans, sortis du système scolaire sans diplôme ou qualification, ou rencontrant des difficultés spécifiques d'accès à l'emploi. Ces difficultés d'insertion professionnellepeuvent provenir notamment de leur faible niveau de formation, du milieu social défavorisé auquel ils appartiennent, de l'image négative attachée aux quartiers qu'ils habitent, d'une discrimination fondée sur l'origine ethnique et de leur absence de réseaux de relation pour les introduire auprès des employeurs.
Une « attention particulière » doit être portée, note la circulaire, sur les jeunes d'origine étrangère et sur ceux résidant dans les zones franches urbaines et les zones urbaines sensibles de la politique de la ville (6).
La constitution des réseaux de parrainage se fait principalement à partir des missions locales et PAIO, du réseau associatif (associations de retraités, de solidarité, regroupements d'employeurs), des collectivités territoriales(élus locaux).
La fonction de parrainage consiste à :
• accompagner des jeunes en difficulté, dépourvus de réseaux personnels de relations avec les milieux professionnels, dans leur recherche d'emploi. Le parrain peut ainsi faire bénéficier ces jeunes de son propre réseau et de sa connaissance des employeurs potentiels
• contribuer avec le réseau d'accueil et de suivi des jeunes à trouver des solutions à leurs problèmes extraprofessionnels, en assurant la médiation entre les jeunes et les services, organismes ou associations compétents dans des domaines tels que le logement, les transports, les gardes d'enfants, la santé...
Cette fonction de parrain est assurée bénévolement de l'extérieur de l'entreprise et se distingue donc de celle du « tuteur » assurée au sein de l'entreprise par un membre du personnel qui aide le jeune à acquérir les savoirs professionnels. Elle se distingue également de celle du conseiller chargé du suivi du jeune dans la structure support de l'opération.
L'accompagnement d'un jeune vers l'emploi, coordonné par les missions locales et les PAIO, est ainsi complet :
• le conseiller du réseau suit le jeune dans son insertion sociale, un tuteur professionnel dans l'entreprise lui transmet un savoir professionnel
• le parrain bénévole aide le jeune à réaliser son projet professionnel, le conseille et l'accompagne dans toutes ses démarches de recherche d'emploi. Il est également disponible lorsque, entré dans l'entreprise, le jeune découvre le monde du travail. Le parrain l'aide alors à s'y adapter et à s'y maintenir.
Le parrain doit présenter certaines qualités :
• être extérieur à l'entreprise considérée
• être reconnu par les employeurs du fait de son expérience professionnelle ou de sa participation à la vie locale lui permettant de jouer un rôle de médiateur
• présenter des qualités d'écoute et de dialogue avec les jeunes d'une part, les employeurs ou leurs représentants d'autre part, afin d'assurer la médiation entre eux
• être susceptible de s'engagerafin d'accompagner efficacement et dans la durée les jeunes dans leur démarche d'insertion dans l'emploi.
Les parrains bénéficient en tant que de besoin d'une formation assurée par les organismes supports des projets, notamment en liaison avec les services du Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leur famille (FAS) afin de leur permettre d'acquérir les compétences nécessaires à la fonction de médiation.
Les équipes souhaitant intégrer la démarche nationale de parrainage peuvent s'adresser à la délégation interministérielle à l'insertion des jeunes : service communication - 194, av. du Président-Wilson - 93217 La-Plaine-Saint-Denis cedex -Tél. 01 49 17 47 37 - Fax :01 49 17 47 48.
Les personnes désirant devenir parrains bénévoles peuvent s'adresser auprès d'une mission locale ou d'une PAIO.
Dans toutes les régions désormais, un comité de pilotage est constitué. Présidé par le préfet de région, qui peut s'y faire représenter par le directeur régional du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle (DRTEFP), il est coprésidé éventuellement par le président du conseil régional si la région s'implique dans la démarche.
La DRASS, le correspondant régional chargé de la politique de la ville auprès du secrétariat général pour les affaires régionales (SGAR), les directions régionales du FAS et de l'ANPE siègent dans ce comité, ainsi que l'ensemble des représentants des financeurs publics et privés des projets sélectionnés. Des représentants des DDTEFP et DDASS peuvent participer aux travaux du comité « afin d'assurer une meilleure cohérence entre les divers dispositifs d'accompagnement social vers l'emploi ».
Ce comité est chargé de :
• lancer des appels à projets sur la base d'un cahier des charges type, dont le modèle est fixé par la circulaire du 8 novembre 1996
• sélectionner les projets préalablement instruits par les DDTEFP et les DDASS, celles-ci ayant déjà examiné l'opportunité et les conditions de faisabilité de ces projets
• suivre la mise en œuvre des projets, évaluer les actions, valider les bilans d'étape à 6 mois après le démarrage de celles-ci et les bilans qualitatifs et quantitatifs annuels établis par les organismes support.
Un appel à projet va être lancé à la mi-décembre 1996. Pour chaque nouveau projet retenu, une aide forfaitaire, tenant compte notamment du nombre de parrains et de jeunes parrainés, est accordée à l'organisme support. Elle est destinée à financer les frais occasionnés par la constitution du réseau de parrains, la formation de ceux-ci à leur fonction et leurs frais de déplacement. Elle couvre également les dépenses de secrétariat, de réunions et d'élaboration de documents de l'organisme support. En tout état de cause, l'aide allouée ne peut excéder 2 000 F par jeune parrainé et 120 000 F par projet.
C'est le comité régional de pilotage quiarrête le nombre de projets retenus (au plus tard en février 1997) en se fondant sur le montant total des financements prévus (Etat, région ou autres partenaires publics ou privés). Il veille à éviter le cofinancement d'un même projet et répartit les projets entre les différents financeurs. Des conventions sont passées entre les organismes supports des projets et les financeurs, précisant le nombre de jeunes devant être parrainés en 1997 et définissant les actions mises en œuvre, les publics accueillis, les modalités de partenariat avec les structures ayant pour mission de faciliter l'insertion professionnelle des jeunes, les modalités de suivi des projets ainsi que les conditions de versement des subventions.
Concernant les anciens projets, déjà soutenus lors de la campagne 1995-1996, et qui se poursuivraient en 1997, une aide d'un montant maximal de 80 000 F peut être accordée sur décision du comité régional de pilotage.
Le suivi national des projets est assuré par uncomité national de pilotage, présidé par la DPM, associant la DE, la DIIJ, la DIV, la DAS, le FAS, la direction générale de l'ANPE. A cette fin, chaque DRTEFP remet, après approbation du comité régional de pilotage, un rapport d'étape (au plus tard le 15 septembre 1997) et un bilan quantitatif et qualitatif plus complet à la DPM (pour fin mars 1998).
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(1) Voir ASH n° 1823 du 12-03-93.
(2) Voir ASH n° 1898 du 27-10-94.
(3) Voir ASH n° 1937 du 25-08-95.
(4) Voir ASH n° 1929 du 2-06-95.
(5) Voir ASH n° 1991 du 4-10-96.
(6) Voir ASH n° 1998 du 22-11-96.