Les recommandations préconisées par le professeur Gentilini devraient donner lieu « dans un proche avenir » à l'annonce d'un certain nombre de mesures gouvernementales. D'ores et déjà, Jacques Toubon et Hervé Gaymard ont annoncé, le 22 novembre, les premières décisions qu'ils entendaient prendre.
Dans le domaine du sida, une circulaire sera publiée dans les prochaines semaines. Elle permettra notamment de mettre à la libre disposition des détenus des préservatifs et de l'eau de javel à 12º cl, lesquels figureront sur la liste des produits « cantinables », pouvant être achetés en prison. Une ligne téléphonique, confidentielle et gratuite, sera mise en place à titre expérimental, au début de l'année prochaine à l'hôpital des prisons de Fresnes par Sida info service et permettra aux détenus d'entrer en relation avec un écoutant.
Au chapitre de la toxicomanie, le gouvernement entend « faire du temps d'incarcération, un moment privilégié » pour traiter la dépendance du détenu. Ainsi, les équipes des services médico-psychologiques régionaux et les antennes toxicomanie seront autorisées à initier des programmes de substitution à la méthadone ou au subutex et non plus seulement à les poursuivre. En revanche, partageant la position du professeur Gentilini, le gouvernement s'oppose à la distribution de seringues propres dans les prisons, « incohérente » avec la politique de prévention et de traitement engagée en la matière.
Les détenus se verront proposer systématiquement un dépistage des hépatites et la vaccination contre l'hépatite B sera généralisée. Pour ce faire, un crédit de 11 millions de francs est inscrit au budget du ministère de la Santé pour 1997.
De son côté, Jacques Toubon a annoncé la diffusion d'une prochaine circulaire aux parquets les autorisant à organiser des opérations de police judiciaire dans les parloirs, pour détecter les infractions à la législation sur les stupéfiants. Un futur projet de loi devrait permettre en outre de renforcer les possibilités de contrôle de sécurité à l'égard des visiteurs, en instaurant des fouilles de sécurité. En cas de refus, la rencontre avec le détenu aurait lieu en parloir séparé et non plus en parloir libre. Le garde des Sceaux a enfin indiqué que, d'ici à un mois, serait diffusé le rapport rédigé par Marc Gentilini et Jean Pradel, professeur de droit à l'université de Poitiers, sur Le maintien en détention des personnes dont le pronostic vital est en jeu.