...Pact-Arim de Tourcoing, sur l'accompagnement social

ASH : Vous intervenez auprès de familles en grande difficulté. Quels problèmes cela pose-t-il du point de vue de votre activité de bailleur ? C. de B. : Effectivement, depuis plus de 30 ans, les Pact-Arim du Nord-Pas-de-Calais accueillent dans leur parc locatif très social des familles qui ne peuvent bénéficier d'un logement traditionnel, en secteur public ou privé, compte tenu de leurs ressources précaires ou de leur surendettement. C'est un choix qui nous pose évidemment un problème de solvabilité et d'acceptation de familles présentant des troubles du comportement social. Toute la difficulté de la tâche consiste donc à maintenir un bon équilibre entre notre préoccupation sociale et une saine gestion financière du parc locatif. ASH  : Justement, quelles solutions avez-vous mises en place afin d'articuler les nécessités du suivi social et les impératifs de la gestion locative ? C. de B. : Lorsque nous accueillons ces familles, nous leur proposons une double contractualisation : la signature du bail de location et l'adhésion à un contrat moral d'accompagnement social. De fait, dans un souci de transparence, nous exerçons deux fonctions qui apparaissent très clairement dans notre organisation. Les équipes chargées de l'accompagnement social ont une mission bien définie par rapport aux permanents assurant la gestion locative. Concrètement, le travailleur social est amené à proposer des objectifs précis et personnalisés à chaque famille : paiement du reste à charge du loyer, appropriation du logement, utilisation des équipements de proximité... Charge à lui de rester très vigilant sur les capacités de la famille à tenir ses engagements. D'ailleurs, ce contrat peut être renégocié en permanence. Nous essayons évidemment de nous en tenir à l'objectif de départ. Mais des évaluations régulières permettent de procéder à des ajustements. La limite de notre contrat est la mauvaise foi du locataire. Toutefois, notre action ne se limite pas au seul domaine du logement. Nous nous intéressons à la personne dans sa globalité. Ainsi, sur les questions relatives à l'emploi, à la santé ou encore à la formation, nous cherchons à repérer les problèmes et à orienter ceux qui en ont besoin vers les organismes compétents. Notre objectif étant de favoriser la restauration des liens sociaux des familles dans une perspective de citoyenneté et d'autonomie. ASH : Estimez-vous possible, pour les travailleurs sociaux, d'utiliser le loyer dans un but éducatif ? C. de B. : Ce qui permet aux familles le maintien dans leur logement, c'est le paiement du reste à charge du loyer et des autres dépenses. Notre rôle consiste donc à les aider à progresser dans la gestion de leur budget, surtout si celui-ci est très faible. Nous sommes cependant conscients que l'accompagnement social ne consiste pas seulement à appliquer des techniques de budgétisation. Il s'agit d'abord d'une rencontre au cours de laquelle nous envisageons toute la problématique familiale, la partie budgétaire n'étant qu'un élément parmi d'autres. Quant aux résultats, il semble que nous parvenons tout doucement, au niveau des nouvelles générations, à lutter contre la reproduction de la pauvreté.