Les éducateurs ne présentent pas un niveau de stress plus élevé que d'autres groupes professionnels. En revanche, leur culture socioprofessionnelle et « leur désir de faire évoluer la population dont ils ont la charge vers une plus grande intégration sociale » semblent les rendre particulièrement sensibles à leurs conditions de travail. Tel est le principal enseignement de l'étude sur La charge mentale des éducateurs réalisée par Ametra 06 (1) - une association de médecine du travail des Alpes-Maritimes - et présentée au congrès international de médecine du travail de Stockholm. Objectifs de cette recherche menée auprès de 582 éducateurs, de 502 salariés non éducateurs travaillant dans les mêmes établissements et d'un groupe témoin composé de 582 salariés d'autres secteurs d'activité mais de même catégorie socioprofessionnelle : évaluer dans quelle mesure les éducateurs présentent un niveau de stress plus élevé que d'autres salariés et déterminer si certains facteurs sont susceptibles de favoriser ce stress.
Une première comparaison entre les trois groupes montre que les éducateurs exercent plus souvent la même profession que leur conjoint, sont plus souvent engagés dans des activités extraprofessionnelles (ce qui, selon les chercheurs, n'a pas d'effet protecteur particulier sur le stress) et possèdent une motivation initiale généralement plus élevée sur le plan professionnel. En outre, ils expriment beaucoup plus souvent un espoir en matière de perspective de carrière et affichent un désir de mobilité plus important. Autre constat : en moyenne, les éducateurs jugent plus défavorablement que les autres groupes leur « vécu au travail » ,notamment en ce qui concerne le caractère stressant de leur activité, les relations avec les « clients », les conditions matérielles du poste et le degré de responsabilité (de façon inattendue, les situations de violence n'apparaissent pas parmi les points négatifs). En revanche, ils considèrent de façon plutôt positive l'intérêt du travail et la solidarité dans l'équipe. En dépit de ces différences, il apparaît cependant que le « stress évalué » est « strictement identique » pour les trois populations étudiées, de même que le « stress ressenti ». Même si, d'une façon générale, on se sent plus stressé qu'on ne l'est réellement (c'est le cas de 38,6 % des éducateurs alors que seulement 22,8 %le sont effectivement). Au final, concluent les chercheurs, « aucune composante de la situation professionnelle des éducateurs n'influe véritablement sur le stress ; celui-ci est un phénomène complexe, multicausal, où des facteurs personnels, tels les antécédents dépressifs et les difficultés extraprofessionnelles, jouent un rôle primordial ».
Journée de valorisation des travaux de recherche
Le 7 décembre, l'Association française pour les formations universitaires de 3e cycle en travail social (Affuts) (2) organise au Cedias, à Paris (3), une journée nationale de valorisation des travaux de recherche des praticiens-chercheurs. Deux thèses de doctorat seront présentées : « Culture professionnelle et formation initiale : l'exemple des AS » de Chantal Le Bouffant, sous la direction du professeur Jean-Marie Barbier du CNAM Paris « Théories et pratiques de l'animation :vers une approche praxéologique 1960-1993 » de Jean-Claude Gillet, sous la direction du professeur Alain Jeannel de Bordeaux-II.
(1) Disponible sur demande à Ametra 06 - Service médical : Nice-Carabacel - 26, boulevard Carabacel - 2e étage - 06000 Nice - Tél. 04 93 85 27 66.
(2) Présidence et secrétariat : Hervé Drouard - Le Pont Bonnet - 44140 Montbert Tél. 02 40 04 73 47.
(3) De 10 h à 13 h - Cedias : 5, rue Las-Cases - 75007 - Paris - Tél. 01 45 51 66 10.