Quelle est la dimension sociale des contrats de ville ?Pour répondre à cette question, les chercheurs du Grefoss de Grenoble en ont décortiqué 196, répertoriant ainsi 4 782 actions réparties en huit grands secteurs : action sociale, enfance-adolescence, insertion par l'économique, logement, population étrangère, santé, scolarité et vie sociale. Puis, pour chaque secteur, ils ont ventilé les actions en fonction des modes d'intervention annoncés :accompagnement, amélioration, création, développement, diagnostic, formation, information, partenariat... Ils ont ainsi obtenu une image assez fidèle des contrats de ville, révélant notamment le caractère hétérogène, et parfois imprécis, de ceux-ci. D'autant que 40 % ne comportent pas de programmes d'action.
Premier constat : « Les contrats de ville concourent assez massivement - à hauteur d'un quart des actions prévues - à une politique de services et d'équipement avec, selon les secteurs, plutôt un effet de création ou plutôt un effet de renforcement. » Ainsi, les domaines de l'insertion par l'économique et du logement font souvent l'objet d'actions innovantes. A l'inverse, pour l'animation extra-scolaire et la santé, l'accent est généralement mis sur le développement de pratiques existantes. On note, par ailleurs, une préoccupation très forte à l'égard des enfants et des jeunes. Ceux-ci étant, de façon inattendue, très souvent désignés comme les publics bénéficiaires des actions annoncées. « Alors que l'on pouvait supposer que la politique de la ville affichait essentiellement - en matière sociale - un référentiel de lutte contre l'exclusion directement centré sur le traitement des publics adultes exclus, il apparaît ainsi - même si les enfants et les jeunes concernés sont certainement des publics déjà largement fragilisés - que c'est plutôt un référentiel de prévention sociale qui s'impose », soulignent les chercheurs.
Mais ce qui ressort de façon flagrante, c'est l'éclatement de l'action sociale dans certains contrats de ville. En effet, au gré de ces derniers, celle-ci est associée à de multiples appellations :solidarité, cohésion sociale, intégration, vie sociale, développement social, lutte contre l'exclusion, qualité de vie, citoyenneté... Un phénomène qui, pour les auteurs, tendrait à démontrer que « les politiques de la ville ont amorcé un effet de déconstruction du champ de l'action sociale ». Deux axes semblent ainsi coexister : d'une part, la poursuite de politiques « sectorielles » centrées sur des catégories définies de bénéficiaires avec des prestations spécifiques de l'autre, la construction de politiques « intégrées » représentant une nouvelle conception de l'intervention sociale. Cette dernière évolution demeurant néanmoins « ambiguë », car, si elle laisse apparaître une approche de l'intervention sociale « entendue moins en termes de prestations que d'animation de processus sociaux », les contrats de ville n'indiquent pas précisément sous quelles formes. En outre, indiquent les chercheurs, « restaurer les personnes et les groupes dans leurs rôles sociaux pose aux opérateurs des questions sur leurs pratiques professionnelles qui ne sont guère encore explicitées ».
(1) La thématique sociale des contrats de ville - Elisabeth Maurel et Fancie Megevand - Grefoss - Non disponible. Cette première partie devrait être complétée, ultérieurement, par des enquêtes de terrain destinées à évaluer la réalité de la mise en œuvre des contrats.