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La Cité des aînés

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A plus de 65 ans, ils ont encore des compétences. Ils souhaitent les mettre au service d'autres personnes âgées. Une démarche rendue possible grâce au concours d'intervenants sociaux professionnels qui ont créé un centre communautaire unique au Canada, Les Aînés de Jonquières.

Jonquières est une ville industrielle du Québec de 60 000 habitants, à plusieurs centaines de kilomètres au nord-ouest de Montréal. D'ici à l'an 2000, une personne sur cinq y aura plus de 65 ans. Aujourd'hui, ils sont 7 500.

Raymonde Clavet, la directrice générale des Aînés de Jonquières (1), faisait partie des premières équipes, il y a une quinzaine d'années, qui géraient des services traditionnels de portage de repas et de maintien à domicile. Elle accepte mal la façon dont vieillissent ces personnes âgées et cherche le moyen de les sortir du quasi-abandon dans lequel elles se trouvent. Diplôme social de l'université en poche, très rapidement, elle jauge le parti qui pourrait être tiré de toutes les connaissances et compétences de ces personnes pour leur plus grand bénéfice réciproque. Deux ans après, elle met à son programme l'imagination et la créativité comme facteurs de changement social. La Cité des aînés prend forme.

Grâce au don par une importante société industrielle d'un terrain invendable et à une première subvention substantielle du gouvernement fédéral, les premiers bâtiments voient le jour : des salles polyvalentes, une grande salle de 500 places, un restaurant plus un centre de gérontologie indépendant dans la gestion mais en connexion avec le centre. La fierté de Raymonde Clavet est de demander de moins en moins de subventions et de trouver des ressources propres tout en respectant un principe essentiel :ne rien entreprendre de nouveau sans avoir les crédits correspondants. Ces ressources proviennent de la location des salles pour des réunions ou des congrès. La restauration rapporte également des subsides, notamment à l'occasion de mariages pour lesquels il faut réserver une année à l'avance. D'autres ressources proviennent des appartements construits plus tardivement sur le même terrain, vendus et loués aux aînés ou à leur famille, habitants de Jonquières. Pour être utilisateur, il faut obligatoirement être membre du centre et verser une cotisation. Ces pratiques ont l'avantage d'être moitié moins onéreuses que dans le secteur concerné (immobilier, hôtellerie, restauration), tout en étant sources de revenus pour le centre.

La moitié de la population âgée de Jonquières (3 400 sur 7 500) est membre du centre, donc bénéficiaire de services offerts aux aînés moyennant une contribution financière par service rendu, très modeste. Pour favoriser le maintien à domicile, 50 bénévoles portent des repas mais créent aussi une relation chaleureuse en s'assurant du bien-être de la personne. Participer à l'entretien du ménage, déblayer la neige en hiver, tondre le gazon, accompagner pour une sortie, aller en groupe « magasiner » grâce à des bus mis à disposition, rester avec un malade qui vient de sortir de l'hôpital quelques heures ou quelques jours, assurer les transports médicaux avec le concours de 80 bénévoles conduisant leur propre voiture (des laissez-passer de stationnement leur sont octroyés) vers les consultations, les hôpitaux, les rééducations, etc. Tels sont quelques-uns des services à l'extérieur du centre. Ils sont le fruit d'une collaboration et d'un partenariat permanent avec le centre local des services communautaires (CLSC) et avec le réseau gouvernemental.

A l'intérieur du centre, ouvert de 8 h à 23 h, l'objectif est plus nettement culturel :42 activités, 27 formations différentes sont offertes, à la demande des membres qui créent des comités ad hoc. L'aspect éducatif n'est pas non plus négligé. Une petite équipe a créé une pièce de théâtre pleine d'humour mettant en cause « l'auto-surmédicalisation » des personnes âgées.

Bénévoles et professionnels au coude à coude

Mais comment et par qui est géré l'ensemble de ces activités ? Par les aînés eux-mêmes, tour à tour bénévoles et bénéficiaires, en rapport étroit avec les intervenants sociaux du centre.

Quatre d'entre eux rattachés au centre reçoivent ainsi, pour faire une évaluation de leurs capacités, chaque bénévole, actuellement au nombre de 850 !Des intervenants sociaux extérieurs sont disponibles également dès qu'un besoin d'aide ou d'écoute est dépisté, ils tiennent des permanences tous les jeudis à l'usage des bénévoles. Ils ont formé une centaine de ceux-ci à l'écoute téléphonique et à l'accueil. L'originalité de la démarche de Raymonde Clavet est d'avoir misé sur le potentiel des aînés. Leur compétence dans leur spécialité est toujours évaluée par des pairs  il existe donc au centre un vivier de bénévoles capables d'exercer dans 28 professions différentes. Un exemple entre autres, 12 bénévoles formés par des aînés leaders dans leur spécialité gèrent avec fierté tout le système informatique du centre.

La Cité des aînés se singularise aussi, contrairement aux clubs de 3e âge traditionnels,  par une proportion de 40 % d'hommes, bénéficiaires et/ou dispensateurs de services, heureux de se sentir encore utiles. « C'est le secret de notre réussite », dit avec fierté Raymonde Clavet.

M. A.

Notes

(1)  Les Aîné (e) s de Jonquières : 3245, rue des Pensées - Jonquières - Québec G7S 5T6 - Tél. 418 548 6444 - Fax 418 548 4484.

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