Handicapés : un conflit dans le Rhône révèle les lacunes de la prise en charge

Le 5 octobre, des salariés de la Sauvegarde de l'enfance et du secteur social et des parents manifestaient à l'appel de la CFDT-Santé sociaux du Rhône (1) et de la Coordination autour du handicap mental. Ils entendaient ainsi dénoncer la décision prise par la Sauvegarde (2) de renvoyer, au 31 décembre 1996, 15 handicapés adultes de plus de 25 ans de l'établissement « l'Echappée » qu'elle gère. Décision qui, indique la CFDT-Santé sociaux, est imposée à l'association, du fait du manque de places en structures d'accueil et du déficit de financement du secteur. En effet, explique Michel Thomas, le délégué syndical, « faute de solution, les adultes restent à l'Echappée et les plus jeunes ne peuvent pas être admis. De plus, le prix de journée des plus de 20 ans est inférieur à celui des moins de 20 ans. D'où un déficit qui s'accumule et que la DDASS et le conseil général ne veulent pas assumer ».

A la Sauvegarde, on reconnaît les problèmes très graves d'insuffisance budgétaire de l'établissement, tout en indiquant qu'une enquête technique et financière sur l'institution a été demandée aux partenaires publics. Par ailleurs, on souligne que l'Echappée, qui accueille des adolescents et jeunes adultes autistes, psychotiques et gravement dépendants de 15 à 25 ans, a dû, faute de solution en aval, étendre sa limite d'âge grâce à une dérogation ministérielle qui prend fin au 31 décembre 1996. Et l'on ajoute avoir proposé la création d'un foyer à double tarification de 40 places qui, s'il a été agréé, n'a toujours pas de financement. « Sachant, précise-t-on, qu'aujourd'hui, le conseil général et la DDASS s'engageraient à le faire fonctionner à partir du 1^er janvier. Mais dans quelles conditions, et à quel prix de journée ? » Interrogés, les responsables du conseil général se disent quelque peu étonnés de la manifestation alors qu'ils avaient eu « la garantie que les adultes handicapés ne seraient pas renvoyés ». Et ils ajoutent « avoir les moyens de faire fonctionner le foyer à double tarification », tout en précisant que l'Echappée accueille des adultes lourdement handicapés et nécessitant des soins « qui devraient être pris en charge par la sécurité sociale ».