Dans un communiqué commun, une cinquantaine de personnalités et onze associations (1) rendent hommage à Fernand Deligny, décédé le 18 septembre (2). « Tous les acteurs de réponses alternatives aux enfermements, aux ségrégations, perdent un de leurs pionniers. Le premier à avoir montré puis transmis qu'il était possible de vivre avec la folie, l'impensable, dans la liberté. Il a démontré également les limites des discours scientistes remplis de certitudes pour mieux masquer les ignorances de la vie. Dans son être libertaire, même s'il s'en est toujours démarqué, la psychanalyse était présente. Il faisait partie de ces grands humanistes, certains post-freudiens comme Jacques Lacan, Félix Guattari, Maud et Octave Mannoni qui ont introduit la psychanalyse dans la pratique sociale. Educateur, penseur, créateur-poète, acteur d'altérités moléculaires, Fernand Deligny, même s'il a été inclus dans l'oubli pour mieux l'exclure, par ceux qu'il gênait, reste et restera la référence pour les praticiens de lieux de vie. Avec sa modestie et son humilité qui le caractérisaient, il demeurera une figure de l'altérité. Il a été le premier à poser comme acte, ses réflexions et ses propositions. Avec le vivre avec, il institua l'accueil du sujet désirant dans la communauté humaine, une rencontre singulière au-delà des normes idéologiques ou scientifiques. Il nous a toujours invité, à chercher, “à apprendre à apprendre” et posé ces questions : qu'est-ce que l'éducation, qu'est-ce que le soin ? »
(1) Asepsi, CRA, EFEPS, Groupe d'études et de recherche en pratique de lieux d'accueil, Itinéraires, Syndicat des permanents de lieux de vie, Faste, Fédération française de santé mentale, Mouvance et Réseaux-Villages, Centre de communication et de formation dans l'espace local, CEMEA.
(2) Voir ASH n° 1989 du 20-09-96.