...Jean-Pierre Blaevoet, sur la formation face à l'exclusion

ASH  : En quoi la formation peut-elle participer à la lutte contre l'exclusion ? J.-P.B. : La question de l'éducation et de la formation face à l'exclusion n'est pas nouvelle. Même s'il y a quelques années on parlait plutôt d'insertion ou de promotion sociale. C'est un thème qui a été au cœur des mouvements d'éducation populaire. Puis qui a rebondi avec la loi de 1971 sur la formation continue. Il redevient d'actualité aujourd'hui, en France et en Europe, parce que, plus que jamais, la formation et la qualification peuvent permettre aux personnes, quelles qu'elles soient, de trouver une place dans la société. Voire de s'améliorer. Notre action dans ce domaine repose sur la conviction que les personnes peuvent toujours progresser, tant sur un plan professionnel que personnel. Evidemment, les IRTS ne sont pas les seuls à se préoccuper de cette question, mais leur rôle est important car l'arrêté de 1986 leur confie une mission de formation transversale, aussi bien horizontale que verticale. ASH  : Quelles initiatives les IRTS mènent-ils dans ce domaine ? J.-P.B. : Elles sont multiples. Par exemple, l'IRTS du Nord-Pas-de-Calais que je dirige a participé à une opération de reconversion de transitaires en douane qui, du fait de la création du marché unique, se sont retrouvés sans emploi et se sont orientés vers le travail social. Il est également intervenu dans la reconversion de dockers du port de Dunkerque. Dans les deux cas, il s'agissait souvent de personnes qui, par ailleurs, avaient déjà une activité militante, associative ou syndicale. D'ailleurs, dans le secteur social, on rencontre souvent des gens qui de militants sont devenus professionnels et s'attachent à mobiliser de nouveaux bénévoles. Ça a été le cas, notamment, avec la reconnaissance des formations mises en place autour des associations qui défendent la qualification des femmes. Même chose avec la formation de jeunes issus des quartiers défavorisés, à laquelle les IRTS ont participé. A cet égard - et le rapport d'évaluation du dispositif de formation le montre (2)  -, les IRTS ont souvent été en pointe dans les nouveaux secteurs d'intervention tels que la politique de la ville ou les services de proximité. Par ailleurs, tous les IRTS entretiennent des contacts avec les pays de la Communauté européenne ou d'Europe centrale. Ainsi, nous sommes plusieurs à intervenir en Roumanie. A l'IRTS du Nord-Pas-de-Calais, nous avons participé à une mission d'humanisation des hôpitaux pour enfants - en particulier des centres accueillant des enfants handicapés - avec une action de professionnalisation des métiers du type agent de service hospitalier ou aide médico-psychologique. De son côté, l'IRTS de Paris s'est chargé des filières infirmières et éducateurs. Quant à l'IRTS de Rouen, il mène actuellement une très importante mission d'évaluation du secteur de l'enfance. Bien sûr, il y a des limites non seulement financières mais aussi de compétences à ce type d'actions. Nous tenons à rester dans le domaine de l'expertise du travail social, de l'action sociale et de la formation. Notre but consiste à dynamiser les compétences existantes, surtout dans le sens de la méthodologie, et à développer une véritable qualification autour de l'action sociale.