En huit ans, les établissements d'éducation spéciale ont perdu 11 000 places d'internat au profit d'autres modes d'accueil. C'est ce qu'indique une étude publiée par le SESI du ministère des Affaires sociales (1). Ainsi, de 1985 à 1994, le nombre de places d'internat disponibles dans ces établissements, qui accueillent le plus souvent des enfants ou adolescents présentant une atteinte mentale, est passé de 63 000 à 52 000. Tous les types d'établissements ont été touchés - en particulier ceux pour enfants déficients intellectuels -, à l'exception de ceux recevant des polyhandicapés. Dans le même temps, le nombre de jeunes accueillis dans l'ensemble des structures de l'éducation spéciale a progressé, passant de 117 000 à 122 000. Une hausse absorbée non seulement par l'amélioration du taux d'occupation des places, mais aussi par une légère augmentation du nombre de places en semi-internat et externat (de 58 000 à plus de 60 000) ainsi que par une forte progression des places d'éducation spéciale et soins à domicile (de 5 000 à 13 000). Quant au placement familial spécialisé, il est resté stable, en queue de peloton, avec seulement quelques milliers de places disponibles.
L'étude du SESI montre, par ailleurs, que le taux d'équipement en structures médico-sociales varie sensiblement selon les départements. La région Midi-Pyrénées est, de loin, la mieux pourvue avec 14 places pour 1 000 personnes. A l'inverse, la situation de l'Ile-de-France est particulièrement critique puisqu'elle regroupe cinq des dix départements les moins bien équipés. Des disparités qui expliquent que de nombreux enfants (20 % du total) ne soient pas pris en charge dans le département du domicile de leurs parents. « Cet éloignement fait bien souvent obstacle à l'implication de la famille dans le projet individuel de l'enfant et dans l'exercice de ses responsabilités », déplore d'ailleurs l'auteur, Emmanuel Woitrain.
Enfin, on apprend qu'en 1994 le secteur de l'éducation spéciale employait 68 000 personnes en équivalent temps plein. Le taux moyen d'encadrement était alors de 56,5 personnes pour 100 enfants, soit une baisse de deux postes par rapport à 1988. Avec une répartition sensiblement différente selon les types de handicap. Ainsi, le taux d'encadrement des établissements pour enfants polyhandicapés était de plus de 100 (soit plus d'un adulte pour un enfant), alors que celui des instituts d'éducation sensorielle pour déficients auditifs était inférieur à 50. Quant aux services autonomes d'éducation spéciale et de soins à domicile, leur taux d'encadrement était de 24,2.
(1) Informations rapides n° 75 - Disponible au SESI : ministère du Travail et des Affaires sociales - 7/11, place des Cinq-Martyrs-du-Lycée-Buffon - 75007 Paris cedex 15 - Tél. (1) 44.36.91.99.