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...Françoise Léon-Dufour, sur la coopération psychiatrie-CHRS

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Dans le droit fil du rapport Patris (1), une convention signée le 21 juin entre le centre hospitalier spécialisé de Saint-Vaury (Creuse)   (2) et le CHRS de Guéret permet à une équipe psychiatrique de secteur d'aller au-devant des personnes en difficulté. Explication avec Françoise Léon-Dufour, psychiatre.

ASH  : Quel est l'objet de cette convention ? F.L.-D. : Cet accord s'inscrit dans la pratique de réseau que nous avons développée. Depuis un an, nous avons sorti une équipe entièrement sur le secteur qui va un peu partout dans les institutions pour personnes âgées, travaille avec les aides à domicile, les assistantes sociales polyvalentes... C'est ainsi qu'une infirmière psychiatrique intervient au sein du CHRS une fois par semaine systématiquement et, si besoin, à la demande. Elle voit les patients pour lesquels il apparaît qu'il y a une détresse psychique et les amène souvent à accepter - leur accord est toujours sollicité - de venir en consultation au centre médico-psychologique le plus proche. Là, ceux-ci rencontrent un médecin, une psychologue, ou les deux, tandis qu'ils continuent d'être suivis par l'infirmière, soit au CHRS, soit plus tard après leur sortie. En fait, nous avions cette idée depuis longtemps, mais nous n'avions pas assez d'infirmiers pour pouvoir intervenir. Cela fait, en effet, une dizaine d'années que nous recevions des demandes de l'équipe éducative du CHRS. Elle se rendait compte qu'il y avait énormément de patients en errance et en souffrance, soit toxicomanes, soit gravement déprimés et ayant fait des tentatives de suicide ou des épisodes délirants. ASH  : N'y a-t-il pas un risque d'aller vers une psychiatrisation de la misère ? F.L.-D. : Ce n'est pas du tout une psychiatrisation de la misère. C'est aller chercher la misère là où elle se trouve. On ne psychiatrise pas, c'est l'équipe éducative du CHRS qui nous a sollicités parce qu'elle s'est trouvée confrontée à des problèmes psychiatriques importants. Il y a des gens pour qui une hospitalisation temporaire en psychiatrie est nécessaire, mais la majorité des personnes ont davantage besoin d'être accompagnées à l'extérieur. Et là on va essayer de trouver des solutions de type CAT ou de reclassement social... Je pense ainsi à ce patient pour lequel l'infirmière s'est occupée de trouver une place dans un autre foyer, ensuite dans un foyer de jeunes travailleurs, un travail, un stage de réinsertion, une installation dans un appartement personnel. On est en relation avec les assistantes sociales, les structures de réinsertion, les agents de l'ANPE parfois... Cela nous permet de rencontrer des personnes en souffrance qui jamais ne viendraient d'elles-mêmes, ou bien avec une forte angoisse. Alors que lorsqu'elles rencontrent dans le foyer des intervenants qui ne leur paraissent pas fichés comme des soignants psy qui vont les enfermer - c'est souvent encore vécu comme cela ! -, elles acceptent de parler de ce qui ne va pas. ASH  : En quoi est-ce une rénovation des pratiques ? F.L.-D. : C'est effectivement une nouvelle façon de travailler. Mais nous, dans notre secteur, nous étions très attirés par le fait d'aller à l'extérieur pour permettre aux gens, soit de sortir plus vite de l'hôpital psychiatrique, soit de ne pas y entrer, soit d'être suivis à l'extérieur en consultation. Essayer de raccrocher dans un monde social habituel des gens très désinsérés permet souvent d'éviter de les faire passer par l'hôpital psychiatrique, ce qui ne les arrange pas. Néanmoins, ce mode d'exercice bouscule les habitudes de travail parce qu'il sort du lieu habituel. Au début, quand on a commencé à faire sortir des équipes à l'extérieur, celles-ci se heurtaient à la difficulté de travailler sans filet. C'est-à-dire d'intervenir en dehors du cadre non seulement de l'hôpital psychiatrique, mais également d'un hôpital de jour ou d'un centre médico-psychologique où l'on est chez soi, si je puis dire. Là on est excentré, on va travailler en collaboration auprès de gens qui nous sollicitent, mais c'est tout ! A nous, alors, de trouver notre place :rester en psychiatrie en n'assumant pas des tâches qui ne sont pas de notre ressort et collaborer avec des intervenants socio-éducatifs en direction des patients.

Notes

(1)  Voir ASH n° 1981 du 28-06-96.

(2)  CHS La Valette : 23320 Saint-Vaury - Tél. 55.51.77.00.

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