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Ecoles et universités : la montée de la pauvreté

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« L'apparition, depuis une quinzaine d'années, d'une nouvelle pauvreté liée à des situations de précarité extrême (chômage, éclatement des structures familiales...) et génératrice d'exclusion durable à l'intérieur du système scolaire », inquiète fortement les inspections générales de l'Education nationale (IGEN) et de l'administration de l'Education nationale  (IGEAN)   (1) dont les rapports annuels ont été rendus publics le 9 juillet.

Un phénomène qui s'ajoute aux « situations souvent difficiles » liées au fait que certains lycéens majeurs vivent aujourd'hui en dehors de leur famille. Indicateur de cette précarité grandissante : les problèmes de cantine scolaire, beaucoup de familles n'arrivant plus à payer la demi-pension au collège ou au lycée. Les inspecteurs de l'IGEN soulignant que le versement d'une aide à la scolarité pour les collégiens, non plus par le biais de l'établissement mais directement aux familles, a contribué à aggraver la situation en raison de l'incapacité de ces dernières à gérer leur budget. Il apparaît également que le nombre de boursiers dans l'enseignement public est presque deux fois plus élevé que dans le privé (30,6 %contre 16,6 %), et que des inégalités subsistent en raison des aides « très variables » apportées par les collectivités territoriales. « L'aide sociale doit être entièrement repensée », même si les chefs d'établissement connaissent la plupart du temps les situations familiales des élèves et même si le fonds de solidarité lycéen et le fonds social collégien permettent de remédier à la situation, a indiqué le doyen Xavier Darcos lors de la présentation du rapport à la presse.

De son côté, l'IGAEN relève que si le climat de la majorité des établissements scolaires est calme, les plus gros problèmes se rencontrent dans les collèges et les lycées professionnels. Et la violence, même si les actes restent concentrés dans certaines zones, est devenue une préoccupation pour une grande partie des enseignants et la majorité des chefs d'établissement, « nourrie par le fossé culturel qui se creuse entre élèves et adultes ». Dans les lycées, les élèves sont souvent devenus des « consommateurs d'école », ajoute l'inspection, indiquant que leur absentéisme est « d'autant plus difficile à contrôler qu'il est sélectif ». En outre, fait inquiétant, les établissements ne sont plus totalement à l'abri du racisme, « phénomène multiforme auquel il faut veiller ». Le rapport jugeant nécessaire de « porter une attention suffisante à un certain nombre de problèmes préoccupants et de fournir aux chefs d'établissement l'aide réglementaire, la formation et les conseils juridiques dont ils ont besoin ». De même, sont dénoncés, « malgré de réels progrès », l'insuffisance des effectifs et l'inégalité de leur répartition territoriale du service de santé scolaire et du service social. Or, « il importe de mieux affirmer la place et le rôle de ces deux services et de leur fixer des priorités », est-il indiqué.

Par ailleurs, si la mise à disposition des appelés du contingent dans le cadre de la politique de la ville est perçue comme « un apport précieux », le rapport évoque néanmoins les réserves suscitées auprès de certains personnels et l'ambiguïté d'une formule qui, faute d'un véritable accompagnement des jeunes intervenants, a pu donner lieu, ici et là, à « quelques dérives regrettables ». Aussi estime-t-il nécessaire de « recentrer et consolider le dispositif » avant l'extension de l'expérience à la rentrée 1996.

Enfin, concernant les étudiants, l'IGAEN s'inquiète du nombre croissant des boursiers ou des bénéficiaires d'autres allocations à caractère social. Et elle recommande de généraliser la mensualisation des bourses pour des raisons sociales et éducatives. Réclamant en contrepartie un contrôle effectif des universités sur l'assiduité au travail. « La situation difficile des étudiants ne facilite guère la gestion des crédits », relève encore l'inspection générale, souhaitant que les académies soient responsabilisées sur le montant d'une enveloppe, à charge pour elles de distribuer les aides exceptionnelles en fonction des reliquats disponibles. Pourtant, « les améliorations les plus pertinentes ne feront pas disparaître le besoin toujours plus important de crédits » lié à la dégradation des situations, concluent les rapporteurs, le problème dépassant le seul ministère de l'Education nationale.

Notes

(1)  Les rapports de l'IGEN et de l'IGEAN sont vendus respectivement au prix de 165 F et de 270 F à la Documentation française : 29-31, quai Voltaire - 75344 Paris cedex 07.

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