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Le CNS brise le silence sur le sida en Antilles-Guyane

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Dans un rapport rendu public le 1er juillet, le Conseil national du sida (CNS)   (1) recommande que « des mesures exceptionnelles » soient prises pour combler les déficits structurels des départements français d'Amérique (Guyane, Martinique, Guadeloupe). Et dénonce la coopération sanitaire de la France, « trop limitée à des actions ponctuelles ». C'est ainsi qu'il dresse un état des lieux très critique sur la situation du sida dans ces départements, soulignant le silence sur ce sujet en métropole où l'on se retranche derrière la complexité des processus de décision et « les spécificités antillo-guyanaises ». La Guadeloupe, la Martinique et la Guyane - avec respectivement 594,331 et 458 cas en 1995 - sont parmi les départements français les plus touchés par le sida, rappelle-t-il. Avec, en Guyane, un taux de cas de sida déclaré par million d'habitants six fois et demie supérieur à ce qu'il est dans la France entière. Traits caractéristiques de l'épidémie : une transmission majoritairement hétérosexuelle (alors que celle-ci ne représente que 13 % des cas en métropole) et une importante croissance du nombre de cas chez la femme et l'enfant. Si le dispositif de lutte contre le sida est en principe le même qu'en métropole, le rapport note néanmoins les difficultés matérielles (qualifiées de « déplorables » en Guadeloupe) de fonctionnement de certains CISIH (centres d'information et de soins de l'immunodéficience humaine). Quant à l'action des DDASS, elle est très inégale. Si la DDASS-Martinique vient ainsi de mettre en place un schéma départemental de lutte contre le sida cohérent, l'action des deux autres n'est guère comparable. Celle-ci s'apparentant plus à un « saupoudrage » qu'à une réelle politique adaptée aux besoins. Mais surtout, le sida a révélé « des lacunes structurelles » variables selon les départements. Elles portent sur la qualité et la quantité des équipements et l'insuffisance notoire de la recherche. Et les trois départements « manquent visiblement de lits de moyen et long séjour, de soins ambulatoires, d'hospitalisations à domicile et d'une prise en charge adaptée de la douleur ». En outre, bien qu'elles aient été les premières confrontées à l'épidémie de sida, les sociétés antillaises et guyanaises sont marquées par une forte exclusion des personnes atteintes, les étrangers (Haïtiens principalement) et les métropolitains étant encore souvent désignés comme des boucs émissaires. A cela s'ajoute la faible tolérance à l'égard des personnes vivant avec le VIH, d'ailleurs amplifiée par les problèmes économiques et sociaux. Ce qui rend très difficiles les efforts déployés par le milieu associatif.

Relevant que les crédits alloués à la prise en charge du VIH ne sont pas, comme en métropole, proportionnels au nombre de cas déclarés, le rapport évoque également les carences de la prise en charge. Notant ainsi la consultation tardive des patients, leur suivi irrégulier, l'accès aux soins « insatisfaisant » des détenus et « extrêmement préoccupant » des migrants.

Aussi le CNS formule-t-il plusieurs recommandations, estimant notamment urgent de « fournir un effort important pour la Guyane et plus encore à Saint-Martin où les structures hospitalières manquent ». Mais surtout, il réclame « une politique cohérente de prévention du sida » dans ces départements et une meilleure prise en compte de la dimension régionale de l'épidémie.

Notes

(1)  CNS : 7, rue d'Anjou - 75008 Paris -Tél.  (1)  40.07.01.06.

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