Ils ont entre 16 et 30 ans. Ils se déplacent, fréquemment avec des chiens et souvent dans des états seconds sous l'effet d'alcools ou de drogues, ni fugueurs, ni clochards. Sans projets, sans but à cette errance, « sinon l'errance elle-même ». Des zonards, comme ils se qualifient eux-mêmes, revendiquant la zone comme un style de vie librement choisi alors que la réalité est davantage fuite douloureuse d'une souffrance individuelle à dépasser... Pourtant face à ces jeunes, passés au travers de toutes les possibilités d'accrochage éducatif et relationnel et ayant, pour certains, épuisé toutes les possibilités de l'accompagnement spécialisé, il est possible d'inventer de nouvelles formes de travail social, défend François Chobeaux, chargé de mission CEMEA. Notamment, de profiter de la période des grands festivals de musique et de théâtre où ils se retrouvent régulièrement, pour mettre en place des lieux d'accueil temporaire gérés par des travailleurs sociaux. Et là, certes dans un temps limité, de tenter, sans éveiller la méfiance, d'amorcer une relation et rendre propice le lien social. Une méthode d'approche expérimentée par les CEMEA au cours d'une recherche-action, dès 1992, à partir des festivals de Bourges, d'Avignon et de La Rochelle. Et dont les acquis et les perspectives d'avenir sont retracés ici. Une invitation à repenser les pratiques face à l'errance.
Les nomades du vide - François Chobeaux - Ed. Actes Sud - 59 F.