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Arrêtés anti-mendicité : le retour

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Les arrêtés anti-mendicité recommencent à pleuvoir, notamment dans les villes de la Côte d'Azur (1), au moment où Jacques Barrot annonce que le projet de loi-cadre contre l'exclusion est en panne de moyens financiers dans l'immédiat. Alors, faute de mieux, on renvoie Danielle Huèges et Bernard Quaretta, déjà chargés l'an dernier par Xavier Emmanuelli d'un rapport sur le même sujet (2), à la rencontre, l'une des municipalités, l'autre des DDASS. Interview croisée sur les atouts et les limites d'une telle mission.

Actualités sociales hebdomadaires  : Les nouveaux arrêtés anti-mendicité que l'on voit refleurir sont-ils le signe que votre rapport n'aura servi à rien ? Bernard Quaretta  : Je ne dirais pas cela. Mais, plutôt, que le temps a été trop court et que l'été est arrivé trop vite. Entre le moment où l'on a mené la médiation sur le terrain, personnalisée par Mme Huèges, et le rendu du rapport, le temps de mettre en place et de coordonner le travail à faire dans les villes nous a manqué. Actuellement, des municipalités se retrouvent avec les mêmes problèmes que l'année dernière et leur première réaction a été de faire des arrêtés plus pertinents. L'an dernier, c'étaient des arrêtés interdisant d'une façon générale la mendicité. Cette fois-ci, ils ciblent des situations plus précises, la vente des journaux dans la rue, l'interdiction de stationner dans tel ou tel endroit. Danielle Huèges  : Nous nous attendions à ce que de nouveaux arrêtés soient pris. Mais pas avec des restrictions aussi importantes comme la vente de journaux, les chiens tenus en laisse. Ça m'a un peu étonnée. Mais la mission de l'an dernier a malgré tout été très intéressante. Pour les deux villes difficiles sur lesquelles nous avions des craintes - Valence et Perpignan -, nous sommes sûrs qu'il n'y aura pas de nouveaux arrêtés car le travail fait a été reconnu. Ces deux villes vont aujourd'hui servir d'exemples et nous allons organiser des échanges entre municipalités. Comme entre Perpignan, avec l'accord du maire, et les gens de Menton qui sont prêts à faire cette démarche. ASH  : Xavier Emmanuelli vient de vous confier une nouvelle mission ? B.Q.  : La mission sera organisée en direction des DDASS volontaires afin de monter un groupe de travail avec elles. Il s'agit de les sensibiliser pour qu'elles soient un peu plus sur le terrain qu'elles ne le sont actuellement, de leur donner une méthodologie. D'engager un travail de fond sur l'urgence. D.H.  : Ma mission, cette fois-ci, consistera à être beaucoup plus à l'écoute des municipalités. Nous allons nous baser essentiellement sur la demande pressante locale du maire et de ses administrés, travailler au cas par cas, sur mesure. Car il faut bien avoir à l'esprit que les situations ne sont pas toujours comparables entres les différentes villes concernées. Certaines ont déjà réagi aux propos du secrétaire d'Etat et ont demandé à ce que nous allions les rencontrer. Ce que je vais faire. ASH  : Concrètement, que proposez-vous ? D.H.  : Xavier Emmanuelli l'a rappelé. Il y a des solutions possibles avant d'en arriver aux arrêtés. Par exemple, à Besançon, nous avons travaillé pratiquement pendant quatre mois pour préparer l'été et éviter que la municipalité ne prenne un arrêté. Même chose à Vesoul. Je crois que les ingrédients nécessaires à une solution existent dans chaque ville. Simplement, il faut les adapter et être beaucoup plus proches de la population. A Besançon, nous avons été à la rencontre des gens, des jeunes errants, nous avons organisé des rencontres, des colloques... ASH  : Xavier Emmanuelli s'est prononcé pour une structure d'accueil installée dans un endroit accessible, et non à la périphérie des villes, un lieu d'accueil de jour où l'on est plus tolérant que dans les locaux administratifs... B.Q.  : Je suis d'accord avec lui. Souvent, dans les agglomérations, les lieux d'hébergement d'urgence ou de prise en charge des publics difficiles sont excentrés dans les périphéries. Ce qui n'est pas pratique d'accès pour des gens qui se déplacent à pied. Donc, il faut voir comment on peut installer des lieux d'accueil de jour beaucoup plus souples dans des endroits plus facilement accessibles. Et à partir de ces boutiques de jour, comment orienter ces publics sur des dispositifs d'insertion ou les réorienter sur leur département d'origine. L'accueil d'urgence n'est pas une fin en soi, c'est le début d'un travail de fond. C'est la raison pour laquelle il faut articuler ces dispositifs d'accueil d'urgence avec les dispositifs d'insertion type CHRS. ASH  : Et les villes festivalières ? D.H.  : A La Rochelle, le maire a également pris un arrêté. On n'en entend pas parler et il n'a d'ailleurs pas envie que l'on en parle. Il faut cependant rappeler qu'un groupe de travail interministériel (Justice, PJJ, Jeunesse et Sports et Action humanitaire d'urgence) a été créé en septembre dernier pour ces villes. Ce groupe a été mis en place en collaboration avec le Forum français pour la sécurité urbaine pour jouer un rôle d'appui auprès des villes festivalières. Notre objectif est d'appuyer des initiatives locales. Techniquement, au cas par cas. La première ville qui en bénéficiera, c'est justement La Rochelle. Un travail que nous allons mener avec les CEMEA qui sont présents notamment sur cette ville. ASH  : Comment considérez-vous ces arrêtés ? B.Q.  : Leur intérêt, c'est de révéler une cassure sociale. Et de montrer qu'il y a toute une population à la rue. On ne peut pas déplacer une population pour l'envoyer chez les autres ! Les maires ont soulevé un gros problème. Maintenant, il faut savoir comment on le traite. H.M. avec I.S. et J.V.

Notes

(1)  Voir ASH n° 1979 du 14-06-96.

(2)  Voir ASH n° 1951 du 1-12-95.

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