L'Association nationale des intervenants en toxicomanie (ANIT) (1), qui organise ses XVIIe journées nationales les 31 mai et 1er juin à Toulouse, « attend des réponses et des propositions concrètes » à la suite de « l'état d'urgence » déclaré dans « L'appel des soignants ». Soulignant dans celui-ci qu'il n'y a jamais eu autant de toxicomanes qui veulent se soigner, comme le prouve l'augmentation de 30 % par an de la fréquentation des centres de soins, et évaluant à un million et demi les personnes dans la détresse (300 000 toxicomanes plus leurs proches), elle dénonce le budget annuel de soins aux toxicomanes - 610 millions de francs - inférieur au budget d'un hôpital d'une ville moyenne comme Angers ou Avignon.
La France ne dispose que de 1 117 places d'hébergement thérapeutique, poursuit-elle, soit le même nombre que la Suisse qui s'adresse, elle, à une population de 35 000 toxicomanes. Aussi, pour entrer en centre thérapeutique avec hébergement en France, « les délais sont intolérables :de quatre à six mois » et « beaucoup de patients ne trouvent aucune place ».
En outre, faute de moyens humains et financiers supplémentaires adaptés, le traitement de substitution se résume à « la distribution de médicaments » et les programmes d'échanges de seringues sont « minimes et insuffisants », constate-t-elle. « A la précarité grandissante de la situation des toxicomanes et de leur famille, l'Etat répond par la précarisation du dispositif de prévention et de soins. Alors que les besoins augmentent, de très nombreux centres vont devoir réduire, voire arrêter partiellement ou totalement leurs activités », s'alarme ainsi l'ANIT, qui appelle à « une volonté politique cohérente et coordonnée ». Indiquant que le dispositif de soins spécialisés, « qui a su depuis 25 ans s'adapter à l'évolution des besoins », va droit à la faillite.
(1) ANIT : 8, rue de La Haye - 69230 Saint Genis-Laval - Tél. 78.56.46.00.