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Acteurs du RMI et de la psychiatrie : quelles relations ?

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Les relations que tentent de nouer les professionnels du RMI et ceux de la psychiatrie autour de la santé mentale, les renvoient davantage à leurs propres problèmes institutionnels qu'aux difficultés des usagers. C'est la thèse développée par Fabrice Dhume, chargé d'études sur la ville en Alsace, dans un mémoire universitaire sur « RMI et santé mentale »   (1).

Quels sont les mécanismes interinstitutionnels en jeu entre les acteurs du RMI et ceux de la psychiatrie ?Existe-t-il, du côté du RMI, une demande à l'égard de la psychiatrie concernant les problèmes de santé mentale des bénéficiaires ? Et comment les professionnels de la psychiatrie perçoivent-ils ces sollicitations ? Autant de questions abordées par Fabrice Dhume, dans cette recherche réalisée à partir d'une série d'entretiens avec des professionnels de la psychiatrie et du RMI du Calvados. Constat de départ : « Les premières années de fonctionnement du dispositif RMI ont permis de porter l'éclairage, notamment, sur les problèmes de santé mentale de certains bénéficiaires. Face aux nouvelles difficultés que cette approche a fait émerger, les acteurs de l'institution RMI ont parfois cherché des réponses par la formation ou par l'interpellation d'autres institutions, notamment la psychiatrie, dans le but de permettre l'accès aux soins des populations identifiées. Pour autant que ces démarches aient vu le jour, force est de constater qu'elles n'ont pas toujours abouti, du moins pas systématiquement d'une manière qui permette aux professionnels des différentes institutions de s'y retrouver et de travailler en réel partenariat. » Une situation qui, selon l'auteur, s'explique par certaines difficultés internes propres au RMI et à la psychiatrie. En effet, indique-t-il, « les résultats de l'analyse font apparaître la coexistence de deux institutions -fonctionnant relativement en vase clos et selon des logiques différentes - sur un même et nouveau terrain aux limites indéfinies que serait le champ de la “santé mentale” ». Or, souligne l'universitaire, « face à cette évolution [...], les institutions apparaissent en situation de grande fragilité et de questionnement interne quant à leur légitimité à intervenir sur ce champ ».

« Il existe en effet une demande de la part du dispositif RMI à l'encontre de la psychiatrie. Mais, bien plus que de relais d'une demande issue de la population des bénéficiaires, l'objet de cette interpellation est l'élaboration d'un partenariat impulsé pour partie au niveau national. La demande de relations interinstitutionnelles prend en fait souvent la forme - et est perçue comme telle par la psychiatrie - d'un soutien aux professionnels. » Ainsi, cette « perspective de partenariat » est perçue, par certains professionnels, comme « un nouveau mode d'action » permettant « de dépasser les problèmes internes aux institutions ». « Mais, d'un autre côté, cette nouvelle logique d'intervention institutionnelle, couplée à l'absence d'identification précise d'un nouveau champ d'action -la santé mentale -, heurte certaines logiques internes et soulève opposition autant qu'engouement de la part des professionnels de la psychiatrie. L'apparition de divergences de position à l'intérieur même de la psychiatrie fait éclater l'apparent consensus et révèle la problématique multiforme de la “crise de la psychiatrie” ». Conclusion : « La question de l'élargissement des champs, tant du RMI que de la psychiatrie, à l'insaisissable objet “santé mentale” porte le débat sur la problématique de l'interinstitutionnalité et renvoie deux institutions en “crise” interne à une logique de pouvoir et peut-être de conflit sur un nouveau champ qui, s'il offre des opportunités de travail en réseau, ne peut pourtant masquer les blocages à dépasser au préalable en interne. »

Notes

(1)  Revenu minimum d'insertion et troubles de santé mentale - L'interinstitutionnalité comme catalyseur des problèmes d'identité de la psychiatrie et du travail social - Mémoire de MST Intervention sociale et développement, présenté en 1995 à l'université de Caen - Contact : Fabrice Dhume - 24, boulevard Leblois - 67000 Strasbourg.

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